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[Jean-Pierre NIEUDAN]

Quelques vignerons jurassiens se démarquent de la traditionnelle représentation du domaine sur leurs bouteilles .

À l'époque du vin en bag-box de plastique, on pourrait croire l'étiquette reléguée au rang des accessoires superflus. A voir le désir de renouvellement et d'originalité des vignerons, à voir l'inventivité des designers et le souci de qualité du travail des imprimeurs, à voir l'intérêt de la clientèle, il semble bien que l'étiquette demeure un outil d'accroche très prisé.

Pour Stéphane Planche, meilleur sommelier de France qui met sa connaissance des vins au service des amateurs aux Jardins de Saint-Vincent à Arbois, l'étiquette participe de l'image du vin, produit noble dans l'esprit des Français. « Dans notre pays, on n'ose pas désacraliser le vin, constate-t-il. L'étiquette a un côté classieux et traduit cet esprit conservateur : le client comme le producteur aiment se retrouver dans une image immuable. Mais tout cela change car un certain nombre de vignerons veulent innover et font bouger les lignes. Il faut redonner au vin sa place populaire. On peut dire aujourd'hui qu'il n'y a pas de règles dans l'étiquette. »

Très conscient de cette évolution, Pierre Rolet fut l'un des premiers à innover dans le domaine de l'habillage des bouteilles avec une étiquette en forme de trapèze, imaginée par son frère Guy. Une étiquette qui « colle » à la forme de la bouteille Jura et qui demeure l'image du domaine. « L'étiquette est un produit sévèrement réglementé, explique le vigneron arboisien. Un certain nombre d'informations obligatoires doivent être présentes. La mise en place d'une contre-étiquette qui comporte ces informations permet plus de liberté et de souplesse dans les graphismes et les tailles de caractères de l'étiquette de corps. »

La tendance aujourd'hui - et le Jura n'y échappe pas - est à la simplification, à des formes plus épurées, à des dessins moins sophistiqués, ce qui n'exclut pas la créativité. Dans ce domaine, les Italiens ont été précurseurs. « Pour autant, il ne faut pas dérouter la clientèle qui a besoin d'une certaine continuité. De plus, je préfère que l'étiquette soit en osmose avec le produit comme par exemple l'aquarelle de Dominique Chanteloube sur l'étiquette de nos rosés d'été », détaille Pierre Rolet.

L'évolution de l'étiquette est aussi due aux progrès de la technique : l'informatique permet des conceptions très rapides. À partir de l'idée du viticulteur et pour le même prix qu'autrefois on peut avoir plusieurs déclinaisons d'un même projet par le cabinet de graphisme dont sont dotées les grosses imprimeries. D'autre part, le matériel d'étiquetage a évolué. La forme de l'étiquette était prisonnière du boîtier à étiquettes qui coûtait environ 10 000 euros il y a dix ans. D'où un amortissement long. Aujourd'hui, les étiquettes autocollantes ont libéré l'évolution.

Quelques innovations
L'apparition de la contre-étiquette permet de réaliser des étiquettes de corps plus petites avec le double avantage d'une forme plus épurée et d'un collage plus facile qui évite les plis. Pascal Clairet à Arbois habille ses vins de la même étiquette ; seule la contre-étiquette change. Le domaine Rolet innove à nouveau avec le macvin et le naturé : étiquette en relief (écriture Braille) rouge ou jaune selon la couleur du liquide, avec le nom du domaine écrit verticalement. Innovation chez Pignier à Montaigu avec un vin blanc d'assemblage nommé GPS ou vin blanc d'antan soutenu par une belle étiquette épurée. Le domaine de l'Octavin à Arbois décline des étiquettes très originales d'après les œuvres de Mozart. Vin et musique font bon ménage Le domaine Bornard ose la couleur orange, peu usitée en ce domaine.

http://www.leprogres.fr/fr/region/le-ju ... ances.html