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Ah, le Sancerre qu’on boit au zinc, comme Maigret!

Messagepar Jean-Pierre NIEUDAN » Sam 29 AoĂ»t 2009 07:04

La région qui a élevé le sauvignon au rang d’un art vit fort bien de sa spécialité. Sancerre, 1700 habitants et une célébrité mondiale. Cette célébrité, c’est à son vin qu’elle le doit, blanc à 80% et, dans ce cas, exclusivement sauvignon, comme l’exige l’appellation d’origine contrôlée (AOC) obtenue en 1936 déjà. Parmi les vins préférés du commissaire Maigret, le Sancerre figure en bonne place. Et Simenon aimait cette région, où il séjournait au bas du piton, dans le village de Saint-Satur. L’Hôtel de la Loire, dans lequel il écrivit plusieurs romans, a toujours une chambre à son nom.

Ici, le vignoble remonterait à l’Antiquité. Puis les moines augustins de Saint-Satur et les comtes de Sancerre font connaître jusqu’à la cour ce vin issu… de pinot. A la fin du XIXe siècle, le phylloxéra détruit tout le vignoble. Et c’est là qu’arrivera le sauvignon, plus résistant à la maladie. Sur les quatorze villages de l’appellation, il reste 20% de pinot, dont on tire des rosés et des rouges.

Cette année, la grêle a frappé trois fois, avant un coup de mildiou en juillet, explique Fabrice Robineau, le directeur de l’unique cave coopérative. Un sale coup pour la production. «En temps normal, on ne produit déjà pas assez, alors, cette année…» Bien sûr, les exportations vers l’Angleterre, un gros acheteur, ont chuté à cause de la crise. Mais le Sancerre se porte toujours bien, économiquement parlant.

Bernard Fleuriet, agriculteur à Menetou-Ratel, peut en témoigner. Au début des années 90, il demande à replanter une ancienne parcelle viticole de son père et il obtient l’autorisation. Il a de la chance, parce que les droits de plantation sont accordés chichement. Aujourd’hui, rachat après rachat, il cultive 20 hectares de vigne et il s’en porte bien. «J’ai eu de la chance de partir pendant ces années où le marché marchait moins bien. Aujourd’hui, on ne trouve plus un are à acheter», explique-t-il avec un bel accent du Berry, devant ses cuves en béton toutes neuves. S’il vinifie un tiers de sa production, il en livre un autre tiers à la cave et il vend le reste au négoce.

Echanges croisés

C’est courant dans l’AOC. Les négoces sont aussi producteurs et achètent du jus de raisin. Les vignerons vendent leurs vins, mais fournissent également la coopérative ou le négoce en jus. «Personne ne prend le marché à l’autre», estime Bernard Fleuriet, avant d’ajouter: «Enfin, on dit ça parce que ça va bien maintenant.»

Fabrice Robineau et ses 110 coopérateurs sont eux aussi sereins. Chez eux, une moitié de la production va à l’exportation, des Etats-Unis à la Chine. Et 20% partent en grande distribution: «Leurs experts viennent chez nous faire leurs assemblages selon leur goût. Nous avons une belle diversité à leur proposer.» La coopérative s’est aussi mise, depuis trois ans, à faire des sélections, des cuvées issues d’une seule parcelle. «Tout Sancerre progresse dans la qualité», estime le directeur. Et comme les prix n’ont cessé de grimper ces dernières années, on ne trouve plus une bouteille à moins de 7,50 euros. Certaines montent à plus de 50 euros. Le commissaire Maigret aurait-il encore eu les moyens?

En chiffres
170 000 hectolitres, en moyenne, sont produits chaque année à Sancerre, sur 2700 hectares de vignes.

600 g/m2, c’est la limite de rendement pour les vins blancs. Pour les rosés et les rouges, on descend à 550 g/m2.

300 vignerons sont présents sur l’appellation. Ils étaient encore 400 il y a une quinzaine d’années. Les droits de succession ont poussé des héritiers à revendre leurs parcelles. Et presque aucun nouveau vigneron n’a eu les moyens de s’installer.

Mariage local
Si le Sancerre se marie si bien au crottin de Chavignol, c’est peut-être parce que Chavignol est le seul village français au bénéfice de deux AOC, dont celle de Sancerre. Pourtant, dans le village, pas trace de la moindre chèvre. Elles ont été abandonnées au profit des vignes, plus rentables. Il reste deux fromageries et une zone d’appellation pour son crottin, qui va très très loin du petit village.

David Moginier
http://www.24heures.ch/loisirs/gastro/a ... 09-08-28-0
La vérité est dans la bouteille ..( Lao Tseu )
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Jean-Pierre NIEUDAN
 
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