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Suisse : les architectes de l’oblique

Messagepar Jean-Pierre NIEUDAN » Mer 29 Juil 2009 09:25

Dans le Valais, les vignerons cultivent depuis plus d’un siècle des parcelles sur des versants vertigineux. Les techniques utilisées lors des vendanges sont des réponses aux exigences de la pente et entretiennent une solide tradition de terroir. Elle réunit, dans une même passion, viticulteurs professionnels et petits propriétaires.

Il faut être fou pour vendanger en Valais. En tout cas ne pas craindre le vertige, les escaliers sur le vide, la terre glissante sous les semelles. Les anciens n’en n’ont cure, habitués à défier les lois de la verticalité sans même prêter l’oeil aux panoramas offerts par ces nids d’aigle, posés en balcons au dessus du Rhône, de Martigny à Sion.

A Sion, justement, Jean-Marc Gaudin est l’un de ces équilibristes. Chef de culture chez Bonvin, la plus ancienne maison viticole du Valais (1858), il grimpe et inspecte en ce jour de récolte les parcelles du domaine Brûlefer, vendangées il y a quelques heures à peine, alors que les premières neiges poudrent déjà de blanc les sommets environnants.

L’homme ne se déplace pas à pied. Il parcourt les cent cinquante mètres de dénivelé assis sur une benne des vignes motorisée, accrochée à un monorail qui s’élève vertigineusement au dessus des rangs. Sensations garanties !

Cette escalade donne la mesure du profil du vignoble. Et de ses milliers de minuscules parcelles, étagées depuis la plaine du Rhône jusqu’aux premiers chaos rochers. La plus haute, à Visperterminen, en Valais alémanique, est cultivée à 1 100 mètres. Record d’Europe !

Il suffit d’emprunter l’autoroute Martigny-Sion, en fond de vallée, pour admirer l’obliquité des versants et le parfait ordonnancement végétal, rive droite du Rhône, face à un soleil aux accents déjà méridionaux. Quarante trois cépages – autre record ! – ajoutent à la complexité du vignoble, révélant l’enchevêtrement des modes de cultures.

"A chaque fois que nous reconstituons une parcelle, nous réfléchissons au cépage le mieux adapté. Le choix dépend de la nature du sol, de la hauteur de la terrasse et de son exposition", explique Jean-Marc Gaudin. Ainsi, les deux cépages autochtones, ceux qui font la fierté du Valais, le cornalin (rouge) et la petite arvine (blanc), supporteraient mal la fraîcheur des parcelles les plus hautes. Tout un art, on vous dit.


Des parcelles à plus de 60°

Ailleurs, on a fait fructifier le savoir des anciens. Ceux qui, dès le XIXième s., ont colonisé ces pentes pour produire la bibine familiale. Gérald Besse est de cette lignée. Propriétaire-encaveur à Martigny, assembleur de vins réputés dans toute la Suisse, il s’est inscrit dans les traces de son grand-père, ex-bâtisseur de murs et planteur de chasselas, l’emblématique cépage qui produit le « fendant », ce vin blanc festif au nez frais et au goût fruité.

En surplomb des immeubles modernes de Martigny, les vendangeurs de Gérald Besse s’escriment à extraire le gamay rouge d’une parcelle. Guidant l’équipe à travers les rangs, Thierry, le chef de culture, rassemble près de la route les bacs en plastique remplis de grappes, portant sur le dos le cacolet, une armature métallique qui permet d’empiler trois à quatre bacs à la fois.

Parmi les saisonniers, la plupart sont jeunes et français. Tous portent des chaussures de randonnées et s’accrochent aux piquets de vigne pour dévaler les rangs. Une nécessité, quand certaines parcelles dépassent les 60°. Mais ils s’y habituent, à part "deux dames qui ont abandonné le premier soir, parce qu’elles avaient le vertige", se souvient Suljeman, le contremaître.

Gérald Besse sait les gains de productivité qu’autorise la micro mécanisation. Des monorails, mais aussi des téléphériques charrient matériel et récoltes en un temps record. Ingénieux, il fut l’un des premiers à tester un nouveau mode de culture : des rangs de vigne plantés dans le sens de la pente, qui suppriment les terrasses et autorisent l’emploi des petites chenillettes, convoyées sur des sentiers tracés en biais.


Petits propriétaires, âme du vignoble

Il y a plus fort encore. Des domaines ont désormais recours à l’hélicoptère ! Il faut voir le ballet des autogyres agitant les ceps, hélant au bout de leurs filins jusqu’à 500 kg de raisin. En un tour de main, les caissettes et fûts de plastique sont déposées sur la plateforme arrière d’un camion, tout en bas dans la vallée. Direction la cave !

Si les professionnels donnent ses lettres de noblesse au vin valaisan, les petits propriétaires amateurs en sont l’âme. Peu d’entre eux rateraient l’occasion d’aller vendanger en famille, comme Pierre-André Fort. Ce jour là, au hameau de Plan-Cerisier, près de Martigny, ce professeur de français a réuni parents et amis dans sa traditionnelle maisonnette en schiste et en ardoise – le mazot -, bâtie au milieu des vignes.

Là, tous se retrouvent autour du vieux pressoir domestique qui écrase minutieusement chasselas et merlots. Le soir, dans l’odeur âcre et fruitée du moût, ils se rassemblent dans le carnotzet, la petite pièce contiguë, et chantent le bonheur d’être ensemble. Les désirées - bouteilles de 50 cl -, remplies, bues, remplies et bues à nouveau, sont toujours à portée de mains…

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Un vignoble peu connu, des vins d’excellence

Le vignoble valaisan s’étend sur 5 200 hectares, dont la majorité entre Martigny et Leuk (Loèche, en français), dans la vallée du Rhône. Si les Romains ont importé la vigne dans la région, c’est le chemin de fer qui, en offrant un débouché vers le nord, a permis au XIXè s de passer de la culture vivrière aux premiers domaines. Caractéristique principale du vignoble, hormis la pente : son extrême morcellement, du aux partages successifs entre les générations. Chaque propriétaire détient en moyenne 5 à 6 parcelles et quelques-unes n’excédent pas 5m² ! Il y a au total 22 000 propriétaires. Seuls 2 000 sont des viticulteurs professionnels. Parmi eux, on distingue ceux qui vendent leurs raisins à des marchands ou à des coopératives et des propriétaires-encaveurs, qui vinifient leur propre récolte. Tous sont adhérents à l’IVV, l’Interprofession de la Vigne et du Vin du Valais, basée à Conthey. Les vins du Valais bénéficient d’une AOC et la production, 42 M de litres par an (60% en rouge, 40% en blanc), est vendue à 95% en Suisse.

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Re: Suisse : les architectes de l’oblique

Messagepar Winemega-Alain » Jeu 30 Juil 2009 00:38

C'est vrai que sur certaines parcelles, un vigneron local m'a raconté qu'il n'est pas rare que lorsqu'un outil tombe par terre, il faille parfois aller le rechercher.. 200m plus bas au fond de la vallée!

Vous savez bien.. la vallée où le Rhône.. etc.. :jesors:
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Re: Suisse : les architectes de l’oblique

Messagepar Christian Rausis » Jeu 30 Juil 2009 08:14

[quote][/quote]Vous savez bien.. la vallée où le Rhône.. etc.. près du Tessin !

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Re: Suisse : les architectes de l’oblique

Messagepar Vincent R. » Jeu 30 Juil 2009 09:57

Moi je préfère les vins du Valais...
BAREME DE NOTATION 19+ À 20:MYTHIQUE 18+ À 19:EXCEPTIONNEL 17+ À 18:TRÈS GRAND VIN 16+ À 17:GRAND VIN 15+ À 16:TRÈS BON VIN 13+ À 15:BON VIN 11+À 13:MOYEN 10 À 11:FAIBLE <10:DÉFECTUEUX
en dessous de 16, je n'achète pas! il y a si bon ailleurs!
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Re: Suisse : les architectes de l’oblique

Messagepar Christian Rausis » Jeu 30 Juil 2009 14:09

Vincent Ravenne a écrit:Moi je préfère les vins du Valais...



Coquin !
Je préfère quand même les merlots tessinois aux valaisans ! http://blog.cavesa.ch/index.php/2008/10 ... centenaire

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