Les Bordelais ont appris à être prudents sur le sujet. Le projet de centre culturel du vin est en effet évoqué sur les bords de Garonne depuis le début des années 90. En vain. Le dernier date du milieu des années 2000. Mais le projet porté par Domofrance dans les Chais de Luze n'avait pas trouvé de parrains assez motivés.
Le dossier semble cette fois-ci sur de bons rails. Alain Juppé et Sylvie Cazes, sa conseillère municipale, pensent être sur le point d'aboutir. « Le dossier est aujourd'hui dans la dernière ligne droite », assure Sylvie Cazes, qui est aussi la propriétaire du château Lynch-Bages à Pauillac. Les prochains mois seront décisifs.
Public-privé
L'idée est d'investir à Bordeaux dans un centre à vocation culturelle et scientifique. La ville qui est connue dans le monde entier pour son vin n'a aucun lieu emblématique. Alors que c'est bien son port qui a été l'outil de cette notoriété. En 2013, la carence devrait être comblée.
Plusieurs études et le recrutement d'un chargé de mission ont permis de cadrer le projet. L'investissement sera de l'ordre de 55 millions d'euros. Il sera majoritairement porté par les collectivités locales, probablement par le biais d'une société d'économie mixte. La ville de Bordeaux, en première ligne sur le projet, déliera bourse.
La CUB, qui s'implique de manière croissante dans le développement touristique, est aussi intéressée. Il faudra attendre l'automne pour connaître les intentions financières du Conseil général et de la Région mais ces deux collectivités sont associées aux discussions. La vraie nouveauté est cette fois l'implication du monde du vin.
Le Centre interprofessionnel du vin de Bordeaux (CIVB) vient en effet de confirmer au maire de la ville son intention de participer à hauteur de 5 millions d'euros dans l'investissement du projet. Une fondation pourrait permettre dans un deuxième temps aux professionnels qui le souhaitent de financer des expositions ou des événements au sein du futur équipement.
250 000 visiteurs
La question du fonctionnement d'une telle structure a souvent été dissuasive. « Le centre doit non seulement évoquer l'histoire du vin de Bordeaux, ses terroirs, les goûts et les métiers mais aussi devenir une vraie plate-forme d'information touristique et oenotourisitique de nos vignobles », explique Sylvie Cazes.
Le département ne part pas de rien certes mais doit très certainement professionnaliser son offre de circuits oenotouristiques. C'est d'ailleurs la rencontre entre ces deux intérêts culturels et touristiques qui rend aujourd'hui le projet économiquement réaliste.
Le centre culturel qui n'a pas encore de nom comportera une partie dégustation et restauration. Avec cette triple dimension, culturelle, touristique et festive, il devrait sur quelque 10 000 mètres carrés trouver un point d'équilibre autour de 250 000 visiteurs.
Il faut rappeler que l'aquarium de La Rochelle draine 900 000 visiteurs par an et la Guiness Store House de Dublin environ 1 million.
Pour y parvenir, il faudra trouver une muséographie simple, efficace, fédératrice et sensorielle. Construire aussi un lieu de rencontres. Les promoteurs du projet n'ont pas la folie des grandeurs mais ils souhaitent un geste architectural élégant, à l'image des vignobles girondins.
Benauge ou bassins à flot
Le choix de l'implantation sera sans doute aussi décisif. Plusieurs sites ont été étudiés. Deux sont encore en lice. Dans le quartier des Champs, à côté de la caserne de la Benauge, sur un terrain communautaire. L'autre site possible est situé dans les secteurs des bassins à flot en bord de Garonne, du côté du site des Forges et de la Fourrière, non loin du débouché du futur pont Bacalan-Bastide. Rien n'est encore tranché.
D'ici à l'automne, une association de préfiguration devrait voir le jour. La participation financière de chacun devra être précisée. Plusieurs banques ou partenaires institutionnels privés sont sollicités.
Mais le vrai déblocage de ce dossier est la nouvelle implication d'une nouvelle génération de professionnels de la vigne et du vin, négoce compris, dans ces logiques de développement territorial.
S'il se confirme, ce serait une bonne nouvelle pour Bordeaux, mais aussi pour toute la Gironde.
Auteur : Jean-Bernard Gilles
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