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Le vin français confronté à une chute des exportations

Messagepar Jean-Pierre NIEUDAN » Sam 20 Juin 2009 15:10

Alice Loubaton travaille au bureau new-yorkais de Sopexa, société de conseil pour les exportateurs français de vins et de produits alimentaires. Depuis plusieurs semaines, cette Américaine scrute l'évolution des inscriptions de ses compatriotes au Salon Vinexpo, à Bordeaux .

"A cause de la crise, elles ont commencé tout doucement. Mais au dernier moment, beaucoup ont quand même décidé de venir, et il y aura de gros acheteurs", se rassure-t-elle à la veille de l'ouverture.

Dans un contexte général de chute des exportations de vin, ce grand rendez-vous international, où 40 000 professionnels sont attendus du dimanche 21 au jeudi 25 juin, sera plus que jamais le lieu où l'on pourra tenter d'y voir clair dans les stratégies des acheteurs.

Depuis le début de la crise économique, nombreux sont ceux qui ont préféré écouler leurs stocks plutôt qu'acheter. Désormais, il faudrait que les ventes repartent. "C'est très étonnant, les mois se suivent et ne se ressemblent pas. Mars a été mauvais, mai a été bon", explique Antoine Leccia, directeur général du groupe Jeanjean. Difficile donc d'y voir clair pour la profession, alors qu'il faut pourtant faire des prévisions avant les vendanges.

Ce sont surtout les importateurs anglo-saxons qui ont déstocké. Les exportations de vins français vers le Royaume-Uni et les Etats-Unis, leurs deux premiers débouchés, sont souvent en chute libre, mais elles résistent en Asie.

De l'avis de la Fédération française des vins et spiritueux, les exportations devraient baisser de 20 % en 2009. Au premier trimestre, les statistiques publiques affichent une chute de 30 % en valeur et de 15 % en volume, avec une désaffection prononcée pour le haut de gamme et le champagne. Chez Sopexa, on se veut rassurant cependant, car rien ne dit que le consommateur va bouder les vins lui aussi.

Les équipes de l'agence viennent de réaliser un baromètre, qui sera présenté à Vinexpo. Plus de 1 300 acheteurs issus de 16 pays ont été interrogés. Il en ressort que près de la moitié restent optimistes pour 2009 et que pour 80 % d'entre eux, les vins français constituent un pilier de leur portefeuille. Ainsi, la France est mieux placée que ses concurrents sur les critères "vins pour les grandes occasions" ou "image positive véhiculée par le producteur".

"ILS SONT PLUS CHERS"

Pour Bertrand Girard, directeur des marchés de Sopexa, la France a surtout la chance de répondre à tous les segments du marché. "Elle sait faire des vins de cépage, et d'ailleurs tous les plus courus y sont présents, contrairement à l'Espagne ou aux Etats-Unis. Il faut juste s'organiser pour créer des marques. Et pour les vins d'origine, plus sophistiqués, elle est déjà archileader et n'est pas prête d'être détrônée", poursuit-il, faisant remarquer que la grande tendance des vins du Nouveau Monde est désormais de s'intéresser aux terroirs...

Mais ce que constatent aussi l'étude de Sopexa et les négociants français eux-mêmes, c'est la volonté des acheteurs d'opter pour des vins plus abordables (premiers prix et gammes moyennes). "Autant la progression des exportations des grands crus classés s'est arrêtée, autant pour les marques et les châteaux intermédiaires, il y a toujours une dynamique d'achat", relève Philippe Laquèche, directeur général de la maison de négoce bordelaise Yvon Mau, filiale du groupe espagnol Freixenet. Dans cette période chamboulée, il juge que sa position de négociant tous créneaux est un atout.

Même chose au sein du groupe Jeanjean, poids lourd du Languedoc-Roussillon, qui réalise 40 % de ses ventes à l'étranger : "Si nous résistons bien à la crise, c'est parce que notre gamme de produits s'étend de 1 à 1 000 euros la bouteille. Le très haut de gamme est en ce moment un marché difficile, mais les vins entre 3 et 8 euros se vendent bien", relate M. Leccia.

Mais si ces deux sociétés restent optimistes, les craintes sont bel et bien fondées pour les vins français. "Dans ce contexte de crise économique, et vu les tendances de consommation, ce sont les moins favorisés", tranche l'américain Martin Sinkoff, qui officie pour l'importateur new-yorkais Frederick Wildman & Sons. Ce fidèle de Vinexpo depuis plus de vingt ans ne mâche pas ses mots : "Ils sont plus chers et plus difficiles à comprendre."

L'étude de Sopexa ne dit pas le contraire : les vins français ne sont pas bien placés en terme d'attractivité des prix. Il leur reste cependant des marges en Chine pour les grands crus. Et, pour plaire aux Anglo-Saxons, les vins rosés ou biologiques semblent des créneaux porteurs.

Laetitia Clavreul
http://www.lemonde.fr/economie/article/ ... _3234.html
La vérité est dans la bouteille ..( Lao Tseu )
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Jean-Pierre NIEUDAN
 
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