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Le jugement de Montréal

Messagepar Christian Rausis » Sam 6 Juin 2009 11:27

http://www.cyberpresse.ca/vivre/cuisine ... ntreal.php

La plus célèbre dégustation de l'histoire du vin fut sans doute celle que l'on connaît, encore maintenant, sous le nom de «jugement de Paris».

Elle eut lieu, comme son nom l'indique, à Paris, le 24 mai 1976, et mettait aux prises 10 vins rouges de Cabernet Sauvignon, français et californiens, plus 10 vins blancs de Chardonnay, également français et californiens.



Les 11 juges, qui goûtèrent à l'aveugle, étaient tous français, avec dans le lot de grands noms du monde du vin: Odette Khan, alors rédactrice en chef du magazine La Revue du vin de France, Pierre Tari, propriétaire du Margaux Château Giscours, Aubert de Villaine, copropriétaire du Domaine de la Romanée-Conti, etc.


Or, coup de tonnerre, ce furent deux vins californiens, un blanc et un rouge, qui se hissèrent en première place!

Soit, en blanc, le Napa Valley 1973 Chardonnay Château Montelena (14,4/20 comme note moyenne), suivi du Meursault 1er cru Charmes 1973 Domaine Roulot (14,05/20).

Puis, du côté des rouges, ce fut le Napa Valley 1973 Cabernet Sauvignon Stag's Leap Wine Cellars qui triompha (14,14/20), avec au deuxième rang le Pauillac 1970 Château Mouton-Rothschild (14,09/20).

Ces résultats eurent un retentissement considérable, et ébranlèrent la forteresse que constituait jusque-là la viticulture française...

Pourtant, et comme le souligne avec raison le magazine Cellier dans son plus récent numéro, sous la signature de son rédacteur en chef Marc Chapleau, pour ce qui est du score global (en additionnant les notes obtenues par tous les vins), «les Bleus l'avaient en fait emporté», à la fois en blanc et en rouge.

Vers la fin du mois de janvier, Cellier a tenu à son tour une dégustation similaire, mais cette fois de 30 vins (15 rouges et 15 blancs, dont quelques vins pirates), qu'eurent à goûter à l'aveugle un groupe de 10 dégustateurs, dont j'étais.

Le résultat - à lire sans faute! - y est présenté sous le nom de «jugement de Montréal».

Bien qu'on puisse s'attendre à ce qu'il n'ait pas le retentissement du «jugement de Paris», il constitue une douce revanche, surtout dans le cas des rouges, pour les vins de l'Hexagone.

Trois bordeaux rouges, en effet, occupent les positions de tête, soit le Pauillac 2004 Château Mouton-Rothschild (91,8/100), suivi du Pauillac 2004 Château Pichon Lalande (91,1/100) et du Saint-Estèphe 2004 Château Montrose (90,6/100).

Il n'y a aucun doute, et comme le montrent de nouveau ces résultats, les dégustateurs du Québec goûtent à l'européenne...

Surprise, toutefois, c'est un vin pirate, de l'Ontario, le Niagara Peninsula 2005 Chardonnay Claystone Clos Jordane (88,8/100), qui décroche la première place du côté des blancs, auquel emboîtent le pas le Saint-Aubin 1er cru Clos du Meix Hubert Lamy (88,5/100), de Bourgogne, et le Hunter Valley 1999 Roxburgh Rosemount Estate (88,5/100 également), autre pirate, d'Australie celui-là.

Autre enseignement à tirer de cet exercice on ne peut plus fascinant: contrairement à ce qu'on pense encore parfois, la Californie produit certains vins, blancs et rouges, capables de rivaliser, sur le plan de l'élégance, avec tout ce que la France fait de plus grand.

Enfin, et aussi bien le dire, j'ai personnellement accordé mes meilleures notes à deux vins de Californie, mais... que j'ai pris pour des vins français! (En 1976, Odette Khan fit la même «erreur», soit dit en passant.)

En rouge, j'ai ainsi préféré, entre tous ces vins, le Napa Valley 2000 Cabernet Sauvignon «Volcanic Hill» Diamond Creek, noté 89,4/100 par le groupe comparativement à 93/100 dans mon cas. Bref, je pensais goûter un premier grand cru classé de Bordeaux! «Mouton Rothschild?» me suis-je demandé.

Chose qui en dit long: six dégustateurs sur dix ont pensé qu'il s'agissait d'un vin français, son taux d'alcool très raisonnable (12%) y étant sans doute pour quelque chose.

Du côté des blancs, ma note la plus élevée est allée au Sonoma 2002 Cutrer «Les Pierres», soit 92/100 contre 87,1/100 pour ce qui est du groupe.

Dans ce cas, inversement, six dégustateurs ont pensé qu'il s'agissait d'un vin de Californie, alors que les quatre autres l'ont cru français. C'est à lire!

Enfin, pour tout savoir sur le «jugement de Paris» et les dégustations du même genre qui ont suivi, taper «Wikipédia " jugement de Paris», et le moteur de recherche vous mènera au dossier sur le sujet.
Christian Rausis
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