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[Jean-Pierre NIEUDAN]

C'est dans un contexte de crise économique et législatif que les professionnels de la viticulture ont élu un nouveau président. Même si les vins du Jura se portent plutôt bien, il aura du travail


Après trois ans à la tête du CIVJ (comité interprofessionnel des vins du Jura), Marie-Christine Tarby-Maire laisse la place à Jean-Charles Tissot, mais avant de partir elle a rappelé quelques fondamentaux du vignoble jurassien.

D'abord, les chiffres. Dans un contexte de dégringolade des ventes (- 52 % pour les champagnes, - 26 % pour les AOC en vins tranquilles), le Jura tient le coup : + 2,4 % en sept mois. Paradoxalement, c'est la faible part des exportations (4 %) qui sauve les vins jurassiens. En effet, les grands vignobles exportateurs subissent à l'étranger des revers phénoménaux. Donc, pour l'instant, tout ne va pas si mal.

La communication ensuite. Les Jurassiens semblent aller à contre-courant, ils vont s'envoler à la fin du mois pour New York, Toronto et Québec et ils comptent bien vendre leurs produits. Pourquoi pas ? Quand on fait 4 % à l'export, on n'a rien à perdre et la profession espère bien que la crise ne s'éternisera pas ! D'ailleurs, la communication est devenue un outil relativement performant : 1 200 articles dans la presse en 2008, 400 000 exemplaires de « Vins du Jura » distribués, réédition à 158 000 exemplaires du guide « Vins et recettes », 300 000 sets de tables, 24 000 jurabags, des encarts dans la presse nationale, des formations aux vins du Jura dans les lycées qui forment les sommeliers, des voyages presse, un site internet qui accueille 10 000 visiteurs par mois, la route touristique des vins qui a obtenu le prix Eden… Une armada qui commence à payer. De l'aveu de la directrice Cécile Claveyrole : « Le vignoble jurassien a la cote auprès de la presse française ! »

Reste le volet législatif. Là, c'est une partie de bras de fer qui a été engagée avec le projet de loi Hôpital patients santé territoire et un premier succès puisque les amendements de dernière minute visant à empêcher les professionnels de communiquer sur internet d'une part, et d'autre part de continuer à organiser des dégustations et autres fêtes ont été retoqués par les députés. La partie n'est pas terminée, le Sénat devra examiner les textes courant mai. Marie-Christine Tarby-Maire est montée une nouvelle fois au créneau contre ce qu'elle appelle « le concert prohibitionniste » qui a trouvé une nouvelle astuce en laissant entendre que la consommation de vin est synonyme de cancer. Réponse de la présidente de Vin et Société qui vient de passer une année à barouder contre le lobby de l'addiction : « Pour lutter contre le cancer , il faudra trouver des causes ailleurs, les cancers augmentent en même temps que la diminution de la consommation de vin s'accentue ! »

Si le nouveau président veut marcher dans les pas de celle qui l'a précédé, il va avoir du travail !

Armand Spicher

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Jean-Charles Tissot, 34 ans et déjà président

« J'ai accepté d'être président ce matin à 9 heures. J'ai été sollicité il y a quinze jours à peine et j'ai finalement accepté. Il faut dire qu'il n'y avait pas beaucoup de postulants ! »

Jean-Charles Tissot, viticulteur à Montigny-les-Arsures, fait partie de la jeune génération. Atypique, il l'est à plus d'un titre. Ancien président de la Percée de Salins, il a intégré le bureau du CIVJ il y a un an à peine comme représentant des viticulteurs d'Arbois. Autant dire que son ascension est rapide. Et puis - surtout - il ne commercialise pas, sa production, il la vend à la fruitière d'Arbois dont il est adhérent. Surprenant pour un président représentant le collège des producteurs.

Il n'empêche, ce jeune homme de 34 ans est aujourd'hui aux commandes d'une structure qui a entre ses mains la responsabilité de l'ensemble du vignoble jurassien qu'il devra faire connaître, aimer et développer dans un contexte général plus que morose. Ça ne l'effarouche pas : « Ce n'est pas évident d'arriver dans un moment comme celui-là, mais ma priorité sera de conforter la bonne image que le Jura s'est créé grâce à la Percée entre autres. Il faudra aussi faire avancer cette commission technique lancée il y a six mois. C'est important d'intégrer la technique à l'interprofession. Et puis, on a envie de faire des choses, même avec un petit budget. Depuis août dernier, les ventes de vin progressent. Le Jura peut échapper à la crise ».

A.S.
http://www.leprogres.fr