Chez l'imprimeur LIS 33, le comte Alexandre de Lur Saluces et Pierre Lurton se sont penchés sur le berceau de l'étiquette du prestigieux sauternes
L'étiquette a été respectée. Cette politesse des rois a fait qu'ils ont pu, tour à tour, se pencher sur la matrice qui a imprimé l'étiquette du plus prestigieux des vins de Sauternes. Pierre Lurton, directeur général de château d'Yquem et le comte Alexandre de Lur Saluces, qui a veillé au grain noble pendant 29 ans, étaient lundi 23 mars chez LIS 33.
L'imprimeur spécialiste de l'étiquette pour le monde du vin les avait conviés pour l'entrée en fonction d'une nouvelle matrice pour l'impression de la fameuse étiquette de château d'Yquem. Quelque six mois ont été nécessaires à sa mise au point. La précédente matrice aura duré près de 25 ans. C'est le Comte de Lur Saluces qui avait fait appel à LIS 33 en 1985.
Contrefaçons
À l'époque, le Comte Alexandre de Lur Saluces cherche à conserver la pureté de l'étiquette originelle, et à se prémunir des contrefaçons.
La création de LIS 33 est sécurisée grâce à un filigrane et à d'autres composantes « top secret » du papier fourni par Arjowiggings, fabricant spécialiste des billets de banque, chéquiers, et des passeports biométriques. Autre nouveauté : le collage adhésif, plus pratique et net. Enfin, l'étiquette est assortie d'une « jupette » qui renferme les mentions obligatoires. Pierre Lurton la remplacera plus tard par une contre-étiquette transparente.
Pour imprimer sur la trame traditionnellement réservée au papier-monnaie, l'imprimeur a adapté une machine. Et si la matrice a duré une génération, « le type de papier est renouvelé tous les trois à quatre ans pour améliorer toujours le procédé », note Daniel Durand, directeur commercial.
Coffre-fort
« L'avancée technologique apportée par le Comte de Lur Saluces est continuée par Pierre Lurton », salue Serge Desport, président directeur général de LIS 33. « Avec cette étiquette, on est dans l'élégance du geste, comme tout ce qui est fait à Yquem », confirme Pierre Lurton.
Coûteuse élégance, car chaque propriétaire achète la matrice, mais aussi le papier, réalisé à façon. Ainsi, au coffre-fort, se côtoient les étiquettes de château de Fargues (comte Alexandre de Lur Saluces) et celles de château d'Yquem (Pierre Lurton). L'immobilisation de capitaux explique que seulement une dizaine de propriétés aient choisi cette solution...
La torture du seau à glace
Aussi, pour rendre l'étiquette sécurisée plus abordable, LIS 33 a mis au point un nouveau procédé.
L'imprimeur a agrégé dans un papier granité blanc cassé le savoir-faire d'un papetier français, des particules venant de Suisse (différentes à chaque fabrication) et un encollage espagnol. « Le papier sera moins coûteux car le volume est plus important. L'an dernier, nous avons mené un test grandeur nature avec Jean-Bernard Delmas pour le château Montrose. Il est concluant », se félicite Serge Desport.
Outre la sécurité, ce papier a la propriété de résister à la torture du seau à glace. Il est indécollable. L'objectif est de séduire une dizaine de clients en 2009 avec ce nouveau papier. Puis, de gagner du terrain au-delà du Bordelais...
Emmanuelle Fère
http://www.sudouest.com