La nouvelle démarche de reconnaissance est bien perçue par les pros
C'est grâce à une figure du vin de la rive droite, Jean-Luc Thunevin, que les crus bourgeois se sont fait ouvrir les portes du château Clément-Pichon, à Parempuyre, pour leur campagne collective de Primeurs qui s'est déroulée jusqu'à hier soir.
L'homme qui a fait grincer quelques dents au début des années 90 en inventant le vin de garage avec son château Valandraud, s'est imposé depuis comme une figure du vin de Bordeaux. En plus de ses activités propres, il dirige les vignobles de Clément Fayat, dont le château Clément-Pichon, membre de l'association Alliance des crus bourgeois.
Président de l'Alliance, Thierry Gardinier n'a pas refusé la proposition d'organiser les Primeurs dans ce lieu qui s'y prêtait parfaitement. Les visiteurs, pour leur part, ont visiblement trouvé le chemin pour y arriver.
Sortis de l'ornière
Parmi eux Anton Bongers, important importateur hollandais, très attentif à toute l'actualité viti-vinicole bordelaise. L'homme n'a rien manqué des problèmes rencontrés ces dernières années par les crus bourgeois, dont le système de classement a été remis en cause par voie de justice. Il a tout autant suivi la manière dont les viticulteurs médocains concernés se sont sortis de cette ornière. Aujourd'hui, il juge la démarche très positive. La mention cru bourgeois ne relève désormais plus d'un classement, mais d'un cahier des charges et d'un plan de vérification confié à la société Véritas.
Une ultime étape reste à franchir pour appliquer ces nouvelles règles novatrices sinon révolutionnaires. « Nous devons impérativement disposer au plus vite du cadre juridique et réglementaire fixé par l'État. Il faut que les choses aillent vite afin que le syndicat des crus bourgeois dispose de l'homologation nécessaire pour faire appliquer ces nouvelles règles pour le millésime 2008. »
Thierry Gardinier est d'autant plus sûr de son fait, que celles-ci ont été massivement adoptées lors de l'assemblée générale de l'Alliance le 5 mars dernier. « De plus courtiers et négociants ont montré un intérêt réel à notre projet. Le signe que la notion de cru bourgeois peut retrouver toute sa valeur », ajoute le président de l'Alliance.
260 châteaux adhérents
Anton Bongers abonde dans ce sens. « Cette reconnaissance par un bureau vérificateur indépendant est un véritable signe de confiance, dit l'acheteur hollandais. Sur un marché du vin très compliqué, surtout dans la fourchette de prix des crus bourgeois, c'est un signe clair de reconnaissance pour les consommateurs. À la condition qu'il se distingue aisément sur l'étiquette. »
Les journées de Primeurs au château Clément-Pichon, en présence de 185 viticulteurs (sur 260 châteaux adhérents à l'Alliance) ont en tout cas connu une affluence normale. Ce qui semble indiquer que le flou des années passées n'a pas laissé de traces.
Jean-Pierre Tamisier
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