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[Jean-Pierre NIEUDAN]

Au pied des échantillons du château Behere, _un cru artisan sur l'AOC Pauillac d'une superficie de 4,75 hectares_, une carte de visite du négociant Gabart-Laval a été délicatement posée. Au dos de la carte, un mot bienveillant : « Savoureux votre 2008 ! ». Jean-Gabriel Camou, tout en faisant sa comptabilité, esquisse un léger sourire. « C'est en revenant du déjeuner que j'ai trouvé le billet. Je ne les connais pas ».

Sur la route des négociants

Dans la rustique salle des fêtes d'Arcins, le syndicat des crus artisans du Médoc reçoit les professionnels pour les primeurs. On est bien loin du luxe et de l'ambiance feutrée des grands châteaux du Médoc, où depuis le début de la semaine les belles voitures stationnent.

« C'est la troisième année que l'on se rassemble dans cette salle prêtée par le maire. Nous sommes sur l'axe où passent les négociants, les acheteurs, les journalistes. On est bien placé. C'est de la communication pas chère. Il suffit d'être là. Après avoir mangé un morceau, ils s'arrêtent. L'année dernière, on a connu une fréquentation plutôt encourageante ».

Philippe Tressol, le président du Syndicat des crus artisans du Médoc, relève aussi que la communication de son groupement a été dynamisée. « On a créé notre fichier d'invitations. Pour ces primeurs, 500 ont été envoyées, et un millier de mails.

L'an dernier, sur place, nous avons eu la visite de japonais, de Slovaques, et de Norvégiens. Des rencontres qui sont toujours intéressantes... ».

Des viticulteurs à la vigne

Après une dégustation, un négociant habitué des crus artisans analyse. « C'est hétérogène. D'un château à l'autre, vous pouvez avoir du très bon, comme des vins qui ne sont pas du tout maîtrisés. Mais ce que le client recherche ici, c'est la rencontre d'un homme et son terroir. Vous êtes en face de viticulteurs qui travaillent tous dans leur propriété. Ce qui n'est plus le cas dans les grands châteaux où ce sont des contingents de techniciens interviennent dans la fabrication du vin. Il y a une vraie authenticité du produit. Ils jouent sur cette carte. La limite, c'est le volume. Ils n'ont pas de grosses surfaces de production ». Autre intérêt pour ce négociant voulant rester anonyme, les prix pratiqués. « On a de la qualité pour des vins très biens placés ». Et de conclure avant de quitter la salle. « Avec des structures très légères, c'est peut-être eux qui résisteront le mieux à la crise. Vous noterez aussi que leur classement a tenu le choc ».

julien lestage
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