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[Jean-Pierre NIEUDAN]

2 000 flacons de blanc sec ont été immergés hier près de l'île aux Oiseaux

«Ce rapprochement entre l'ostréiculture et la viticulture, deux symboles forts de la région, est passionnant », se réjouissait, hier à midi, Olivier Laban, le président de la Section régionale conchylicole, alors que Nicolas Labarthe, 28 ans, troisième génération d'ostréiculteurs à Gujan-Mestras, plongeait dans les eaux du bassin d'Arcachon, aux abords de l'île aux Oiseaux, 2 000 bouteilles de vin blanc sec, Château du Coureau 2008, sous le regard ému de son ami, Franck Labeyrie, 32 ans, cinquième génération de viticulteurs à Haux.

L'expérience est aussi oenologique qu'audacieuse. « Je souhaite utiliser la technique ostréicole pour élever mon vin, laisser les bouteilles subir les mouvements des marées dans une température constante », explique le jeune viticulteur qui a testé l'expérience, en immergeant quelques bouteilles, en fin d'année dernière, durant plusieurs semaines.

Bouteilles décorées

« Les bouchons ont tenu et les bouteilles sont sorties intactes. » Tout au plus étaient-elles décorées de micromollusques, petites pieuvres, mini-moules et algues du Bassin.

« Mettre du vin avec les huîtres dans le bassin d'Arcachon, deux produits naturels dans un milieu naturel, ne peut qu'être profitable à tout le monde, plus encore lorsque l'initiative vient de deux jeunes qui croient encore en nos métiers », ajoute Olivier Laban, dont la présence a valeur de caution.

Pourtant l'expérience, préparée depuis un an par Franck Labeyrie, a connu « beaucoup de bas et quelques hauts ». Elle a même failli échouer le mois dernier.

Dans un premier temps, les bouteilles, du graves blanc provenant de parcelles de sauvignon, sémillon et muscadelle à Virelade, devaient être immergées au large du banc d'Arguin. Or, rien ne peut être déposé dans cette réserve naturelle. Les huîtres y sont juste tolérées.

Après de multiples démarches auprès des Affaires maritimes, Franck Labeyrie a finalement obtenu une autorisation d'occupation temporaire et une concession provisoire près de l'île aux Oiseaux.

Samedi, il a rangé les 2 000 bouteilles dans des poches à huîtres, installées ensuite dans dix tables à huîtres, hissées hier matin sur la plate ostréicole de Nicolas Labarthe, direction l'île aux Oiseaux. Escortée par une vedette de la gendarmerie et par le canot de sauvetage de la SNSM, la plate a jeté l'ancre à la pointe de la Humeyre, sous un soleil radieux.

Quatre mois dans l'eau

Tout comme il plonge ses huîtres, Nicolas Labarthe a hélitreuillé et déposé les tables à huîtres dans une eau à marée basse qui découvrait les parcs ostréicoles du voisinage. Les bouteilles vont rester quatre mois dans l'eau. « Les premières bouteilles seront dégustées à l'occasion de Vinexpo, fin juin. Le vin sera aussi analysé pour étudier l'impact de cette immersion », assure Franck Labeyrie, accompagné, hier matin, de Frédéric Baillet, directeur de France boissons Bordeaux qui commercialisera le vin, et Fabien Raboutet de Barton et Guestier, au stand duquel se déroulera la dégustation.

Ce « vin des huîtres », qui pourrait s'appeler « vin de l'Estey », sera ensuite proposé chez les restaurateurs du bassin d'Arcachon, pour accompagner les huîtres... du Bassin.

« C'est une satisfaction personnelle d'avoir pu le faire », confiait Franck Labeyrie, alors que Nicolas Labarthe, ravi, remettait le cap vers le port de Meyran à Gujan-Mestras.

Bernadette Dubourg
http://www.sudouest.com