CÔTES DE BORDEAUX. Pas de vins à vendre en primeur, mais l'envie de s'affirmer dans le paysage était hier soir l'objectif de la jeune appelation
Pour la centaine d'étiquettes concernée par les Primeurs, les choses sérieuses ont commencé dès la semaine dernière avec l'accueil pour des dégustations en privée de journalistes spécialisés, dont le toujours référent Robert Parker.
Les grands rendez-vous officiels de cette semaine d'exposition du millésime 2008 débutent aujourd'hui. La jeune appellation des Côtes de Bordeaux, portée sur les fonds baptismaux le 5 mars dernier, a choisi pour sa part de faire hier soir sa première sortie officielle, la plupart des visiteurs étant déjà arrivés, « et n'ayant rien d'autre à faire ».
Trois ans de communication
Au bar du CIVB à Bordeaux, elle recevait ses hôtes. 4 500 invitations avaient été adressées par mail. Entre 150 et 200 visiteurs étaient espérés pour cette première étape d'une campagne de communication appelée à durer trois ans.
« Nous sommes dans l'attente de la parution du décret officiel de création de notre AOC au "Journal officiel". Mais d'ores et déjà , nous sommes engagés dans une démarche ambitieuse pour nous faire connaître. Les Primeurs étaient une bonne occasion de commencer », explique Florent Dubard, président du syndicat des Côtes.
Hier soir, les invités pouvaient juger le millésime 2008 d'une soixantaine de propriétés adhérentes sur les 1 500 que comptent les Côtes de Bordeaux. Ils pouvaient aussi déguster une soixantaine d'autres dans leur version livrable pour les millésimes 2006 et 2007.
« Il était difficile de présenter plus de vins, justifie Christophe Chateau, directeur de l'appellation, et l'objectif recherché n'est pas de faire apprécier le millésime, mais de commencer à positionner la marque et les appellations communales qui y sont associées, Blaye, Franc, Cadillac et Castillon. »
Il y a cinq ans, on parlait déjà de crise pour le vin. C'est à ce moment que plusieurs syndicats de côtes ont envisagé de se fédérer. Au final, c'est autour de quatre appellations que les Côtes de Bordeaux se sont structurées et veulent aujourd'hui faire parler d'elles, dans un contexte de crise encore plus prégnant.
90 millions de bouteilles
L'ambition initiale de conquérir des marchés à l'exportation relève donc d'une urgente nécessité. Par-delà la présence symbolique à l'occasion des Primeurs, les responsables de l'appellation songent à Vinexpo en juin prochain. L'AOC y disposera d'un stand de 80 mètres. « Nous avons investi 70 000 euros pour ce stand. C'est lourd, mais tous les acheteurs internationaux seront là », commente Florent Dubard. Ensuite l'Amérique du Nord, l'Europe du Nord et l'Asie seront les prochains théâtres d'opération.
Pour convaincre les marchés et se faire remarquer, la nouvelle AOC dispose du nom de Bordeaux, d'une gamme de prix entre 5 euros et 10 euros et d'un niveau de qualité qui peuvent séduire nombre d'interlocuteurs.
Ce qu'attendent à coup sûr les 1 500 adhérents qui mettent en marché chaque année 700 00 hectolitres de vin, soit 90 millions de bouteilles et 17 % de la production totale de Bordeaux.
Jean-Pierre Tamisier
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