Le coup bas porté par Bruxelles à la viticulture provençale, avec l'autorisation de mélanger vins blancs et vins rouges pour faire une mixture baptisée « rosé », était au centre de la présentation du Millésime 2008 AOC Côte de Provence, hier à Hyères.
Au forum du casino, 150 viticulteurs et négociants y présentaient leurs excellents crus 2008 sous la bannière du Comité Interprofessionnel des vins de Provence (CIVP). Cette année, le rosé représente 88 % de la production sur l'appellation...
« Couper tue »
Avant les dégustations d'usage, les responsables de la filière et les élus régionaux ont donné la mesure de leur inquiétude. Avec plus de 27 millions de consommateurs en France (premier producteur mondial), le rosé passe devant le rouge et connaît une progression historique en 2008. Un marché juteux lorgné par le grand négoce.
Jean-Jacques Bréban, président du CIVP et Guy Gasperini, président du Syndicat des côtes-de-provence, « abasourdis par l'annonce d'autoriser ce coupage », dénoncent d'une même voix « la volonté de casser l'image qualitative que nous avons mis trente ans à obtenir, celle d'un vrai et bon vin qui se vend de mieux en mieux. Il est impossible que Paris et Bruxelles soient favorables à ce massacre, sauf à vouloir casser un produit ». La filière qui se mobilise depuis 10 jours, va donc entrer en résistance, notamment à travers une vaste campagne de communication sur les thèmes « le rosé est né en Provence » et une étiquette « Couper tue » apposée sur les bouteilles. Enfin l'appellation compte se défendre avec ses armes : la Provence, la technique, les cépages...
Pour Alain Baccino, président de la chambre d'agriculture, le constat est amer : « La directive européenne ne reconnaît pas le rosé ! Ce n'est pas une couleur... Vu la demande, il est intéressant pour les grosses entreprises de pouvoir mélanger des vins. Comment expliquer demain à un consommateur sur un linéaire, que notre rosé vaut trois à quatre euros de plus par rapport à des assemblages à bas prix ? »
Une délégation Demain L'appellation dispose toutefois du soutien des politiques régionaux qui monteront au créneau à Bruxelles. Selon la conseillère générale et députée UMP Josette Pons, « la décision n'est pas prise aujourd'hui. Un commissaire européen a lancé cette idée. Cela s'est fait de manière un peu masquée. J'ai été alertée quand les vignerons l'ont su. J'ai posé la question au ministre de l'Agriculture, Michel Barnier. Sa réponse n'a pas été satisfaisante. Nous avons eu une réunion de travail avec le cabinet du Premier ministre : l'attaché à l'agriculture n'était pas au courant... Demain, nous irons en délégation rencontrer les commissaires européens et les députés, une dégustation sera ensuite organisée ».
Pourtant, la directive assassine a été approuvée par la France. Comme Michèle Vianes, candidate DLR aux Européennes, Elie di Russo, l'adjoint hyérois à l'agriculture, émettait hier des doutes sur le fonctionnement des instances européennes : « Arriver à cette décision sans aucune concertation c'est surprenant au niveau démocratique...»
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