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[Jean-Pierre NIEUDAN]

Après l'immobilier ou les Bourses, une autre bulle spéculative se dégonfle: celle des très grands vins, dont les prix avaient explosé dans le sillage du superbe millésime 2005. Coté à Londres, comme n'importe quelle action, le prix d'un premier cru classé de Bordeaux a été divisé par deux entre juillet dernier et aujourd'hui: de plus de 1.000 euros à moins de 500 euros pièce! Une conséquence directe de la crise.

D'un côté, les traders surpayés et les millionnaires fous de grands flacons français n'ont plus d'argent à mettre dans ces bouteilles qui s'échangeaient comme des oeuvres d'art; de l'autre, des négociants ayant surinvesti, contraints aujourd'hui de dé-stocker à moindre prix. L'indice des prix des grands vins français est d'ailleurs directement corrélé à la courbe de la Bourse américaine!

Ce "krach" est une aubaine pour les amateurs. Les grands crus influencent l'évolution des prix des autres bons vins. Et dans dix jours ouvre la campagne 2009 des "primeurs", qui détermine les prix d'achat de 200 belles cuvées dans leur millésime 2008. Voici le détail d'une mécanique qui devrait générer une baisse durable des étiquettes: grands crus, bons bordeaux, autres cuvées, foires aux vins à venir plus intéressantes... "Pour les amateurs, c'est le moment de faire des affaires", admet un dirigeant de la famille Rothschild. Constituer sa cave pour passer la crise, en voilà une bonne idée!

Le krach des "premiers"
Pour ceux qui en ont les moyens, ce sera, dans quelques semaines, le moment ou jamais de s'offrir une de ces étiquettes mythiques. Mouton, Haut-Brion, Latour, Cheval-Blanc, Ausone, Yquem, Palmer, Ducru-Beaucaillou... Des "superpremiers" qui, au moment de la vente des 2005, cotaient plusieurs centaines d'euros pièce, avant de s'envoler sur les marchés internationaux, hors de portée des amateurs. Machine arrière: cette campagne 2009 sera celle d'une très grosse correction. "Nous recommandons une baisse extrêmement significative", explique François Lévèque, président du Syndicat des courtiers de bordeaux. "Le marché attend au minimum - 50%, voire plus, pour ces vins de prestige", assène Patrick Bernard, patron d'un des principaux distributeurs, Millésima.

Des mouton ou des latour 2008 à 100 euros la bouteille en avril? La pression est d'autant plus forte que le marché "secondaire" des grands vins, notamment londonien, a déjà enregistré une immense correction sur les millésimes passés: un mouton-rothschild 2005 coûtait 1 200 euros en juillet 2008, le prix est retombé à... 450 euros actuellement.

Grosse baisse à venir sur le 2008
Les très grands vins dictent la tendance. Sur cette campagne 2009, elle est claire: "Si les autres châteaux veulent vendre, tous devront baisser leurs prix", estime François Lévèque. La fourchette annoncée va de - 15 à - 20% pour les crus moyens (vendus de 10 à 20 euros la bouteille au public) à - 20 ou - 40% pour les grands crus, crus classés, châteaux réputés et autres vins "d'auteurs" (de 20 à 60 euros).

Exemple: le Château Côte de Baleau, saint-émilion grand cru. "Comme tout le monde, je vais m'adapter, explique sa propriétaire, Sophie Fourcade. Donc mes prix vont baisser." Vendu 8 euros hors taxes aux primeurs 2008 (millésime 2007), ce vin sera sans doute proposé à 7 euros cette année (millésime 2008), soit - 12,5%. Résultat: un vin, pour le consommateur, dont le prix public passe de 18 euros l'an passé à 15-16 euros dans les mois à venir.

La plupart des châteaux devraient suivre. Sans prix raisonnables, les propriétaires risquent de vendre une très faible partie de leurs bouteilles. L'intérêt des Bordelais est de retrouver l'assise du système des primeurs garantissant aux acheteurs que leurs vins auront repris de la valeur d'ici un à deux ans.

Promotions immédiates sur les 2004, 2006, 2007
Dimanche soir, à minuit, le site 1855.com organise une énorme opération: une sélection de trente beaux 2006 à prix cassés, entre - 25 et - 45%. Nom de code: "Bordeaux CAC 40". De quoi ravir les amateurs: La Dame de Montrose (deuxième vin du château Montrose, à Saint-Estèphe) est proposé à 14,95 euros au lieu de 21,50 euros; le très réussi Sénéjac 2006 (haut-médoc) passe de 15,55 à 8,95 euros.

"Les prix s'inscrivent durablement à la baisse", affirme Emeric Sauty de Chalon, patron du distributeur. Trop de 2006, et aussi de 2007, payé trop cher, sur le marché, sans compter un reliquat important de 2004. Les intervenants anglais, gros acheteurs de vin, déstockent en masse, profitant de la baisse de la livre sterling. Et les "promotions" pullulent. Millésima propose des ristournes par caisse (de 6 bouteilles): - 10% pour 3 caisses, - 15% pour 5 caisses, - 20% pour 10 caisses

Les foires aux vins de la rentrée 2008 avaient battu leur record... de clientèle. Mais pas de chiffre d'affaires. La crise a frappé la grande distribution au pire moment: les 2006, qui devaient partir à ce moment-là, n'ont pas été vendus. Les clients ont acheté moins et moins cher, sans compter que les livraisons de 2007 payées par les enseignes arrivent... en juin prochain.

Les bourgognes suivront
Une grande braderie lors des prochaines foires aux vins de rentrée? Le phénomène est déjà en marche. La Revue du Vin de France signale dans des hypers parisiens des sociando-mallet 2006 (un des plus grands haut-médoc) à 25 euros, ou des lafite 2005 à 450 euros, "soit des niveaux proches de leur sortie primeur". Le site Wine & Co. liquidait cette semaine son Clos d'Hortense 2005 (saint-émilion grand cru), à 11,76 euros au lieu de 24 euros l'unité, soit... une baisse de 51% (à condition d'en acheter douze). Cora proposait ses Allées de Cantemerle (deuxième vin du très coté Cantemerle, noté 90/100 par Parker) à 14,15 euros, soit - 23% par rapport à son prix affiché sur le site 1855.com (18,40 euros).

Des baisses qui restent, pour l'instant, moins sensibles sur les autres vignobles surcotés. "En Bourgogne, les prix baisseront moins vite", estime Yannick Branchereau, patron de Lavinia, plus grand magasin de vins en France. Mais ils baisseront: la courbe des ventes aux enchères de Beaune (indicateur traditionnel des prix sur ce grand vignoble) était à la baisse en novembre dernier, et le sera sans doute encore cette année. Wine & Co. affiche nombre de ristournes sur ses pommards ou ses volnays mais limitées à... - 5%.


Par Benoist SIMMAT
Le Journal du Dimanche

[Patrick G]

les prix baisseront, il le faudra car les passionnés chercheront ailleurs leurs bonheur si cela ne réagit pas cette année.

Mais cela correspond à une multitude de propriétés qui sont déjà à des tarifs très (trop) haut, les petits comme moi qui ne font que des prix qui couvrent à peine les investissements, ne pourront pas baisser, sinon, on va le donner.

Certains (puis je les citer.....) ont déjà annoncés à la place qu'il ne ferait pas de sortie primeur avec leur 2008, ils attendront de faire un tarif en conséquence et seulement après mise en bouteille. Au moins, les dégustations seront là homogènes....

Pour ma part, pas de dégustations primeurs, d'une part il y en a peu, d'autres part, les malos sont pas finies et je veux présenter mon vin assemblé donc homogène
on ne peut se situer quand on fait parti d'une catégorie de vigneron bien modeste dans ce tremblement médiatique qui devrait arriver durant la première semaine d'Avril, par contre, c'est nous qui en subissons les désagrements de plein fouet, nous, nous devons communiquer, d'autre n'en ont pas besoin mais causent cette soit-disant crise

c'est tous ensemble que nous devons re-gagner la confiance des consommateurs, bien que nous ne sommes pas du tout dans les mêmes crénaux de relations ni ceux de commercialisations avec le gros des acheteurs de la place

alors vive le direct

et maintenant au mail...

Patrick