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[Jean-Pierre NIEUDAN]

SYNDICAT AOC. La majorité des viticulteurs vivent aujourd'hui avec le RMI

Aucun doute, agriculteurs et viticulteurs mènent le même combat contre la grande distribution. Ce fut l'un des thèmes sensibles de l'assemblée générale du Syndicat AOC des Côtes du Marmandais qui s'est tenue, jeudi à la Cave de Beaupuy, en présence d'une quarantaine de viticulteurs représentant les trois-quarts du vignoble. Et d'invités de choix comme Didier Capuron de l'INAO, Régis de Lescar, directeur de Quali-Bordeaux et Claudine Bureau de Viniflor.

« Voilà six ans que notre appellation vit la crise viticole. Ce qui lui vaut d'avoir perdu un tiers de sa superficie et 32 % de ses producteurs (204 en 2003, plus que 140 aujourd'hui). Cette année, l'appellation a régulé ses stocks, à savoir que sa production correspond à ses ventes. Mais le marché français est en baisse avec des tarifs qui ne nous permettent plus de rémunérer le travail des viticulteurs. Le vin nous est payé en dessous du prix de revient. Le vigneron n'a plus de salaire à l'heure actuelle. Au mieux, il dégage le RMI. On est au bout. »

Double étiquetage

Lui-même vit cette situation. Alors, il réclame le double étiquetage : « Puisque tout le monde parle de transparence, je voudrais que les grandes surfaces affichent le double étiquetage sur leurs produits avec le prix d'achat net et le prix de vente. Dans ce domaine, on a besoin du soutien des politiques. On ne peut plus laisser la grande distribution casser les filières. »

Malheureusement, les demandes d'arrachage ont encore été nombreuses. Pour le compte des Côtes du Marmandais, elles sont estimées à 200 ha. Les chiffres définitifs n'ont pas encore été communiqués. « On sait qu'il existe un plan sur trois ans, a souligné le président. L'appellation ne peut rien y faire et c'est regrettable ».

En 2008, la récolte du vignoble n'a pas franchi la barre des 50 000 hectolitres. 48 280 hl pour 1 166 ha. Une année néanmoins meilleure qu'en 2007. « Ces deux petites récoltes sont arrivées au mauvais moment, a t-il poursuivi. On espère qu'en 2009, la récolte sera normale. »

Pointe d'espoir aussi avec l'intégration de l'appellation au sein du Bassin Aquitain. « On a la chance d'appartenir désormais à ce Bassin. On a longtemps redouté être reversé dans le Bassin du Sud-Ouest. Pour l'heure, il ne fonctionne pas en raison d'une mésentente entre le Bordeaux et le Bergerac mais pour nous, c'est une sorte d'espoir pour l'avenir. Les Côtes du Marmandais ne pèsent pas lourds mais ils existent. »

La suite de l'AG fut très technique avec les interventions des différents invités au sujet de la réforme d'agrément de l'AOC. En résumé, l'appellation ne sera plus accordée par le Syndicat quelques mois après la récolte mais par Quali-Bordeaux beaucoup plus près de la commercialisation du produit. Auparavant, 27 % des vins n'étaient pas aptes à l'AOC car ils n'avaient pas eu le temps de mûrir. Le nouveau système sera plus précis. Et personne ne s'en plaindra.

alain goujon
http://www.sudouest.com