Pour tenter de dynamiser l'image un peu trop «posée» des liquoreux du Sauternais, Françoise Sirot-Soizeau lance un produit plus «vif et frais»
Au contraire des amateurs, les non-initiés trouvent le vin de sauternes trop complexe, trop puissant et ne comprennent pas que l'on puisse débourser autant pour acquérir une bouteille de vin.
Or produire du sauternes revient cher. D'une part par la faiblesse des rendements, d'autre part par l'immobilisation que nécessite le vieillissement.
En spécialiste avisé, le journaliste viticole belge Bernard Sirot est convaincu depuis longtemps que pour séduire une nouvelle frange de consommateurs, en l'occurrence les jeunes générations, il fallait créer un produit en adéquation avec leurs goûts, leurs aspirations. Un vin empreint de fraîcheur, d'élégance et de vivacité. Un vin initiatique en quelque sorte, pédagogiquement très intéressant qui va emmener ces nouveaux consommateurs à aborder plus facilement par la suite les sauternes plus classiques.
« Le but était d'arriver à sensibiliser les gens qui estiment que les liquoreux sont trop gras et trop puissant » explique Françoise Sirot- Soizeau, la propriétaire du Château Closiot, à Barsac, qui est parvenue, avec son époux, à élaborer un produit en phase avec cette démarche initiatique.
À l'image du produit
« Ce type de vin permet de faire découvrir l'intérêt gustatif des liquoreux. C'est un produit à part entière qui présente un excellent équilibre entre sucre et acidité et qui correspond à une charte qualité déterminée avec notre importateur belge » précise Bernard Sirot.
Pour en arriver là le raisin doit être récolté aux environs de 16°, afin d'arriver à un équilibre de 13° à 13,5°. Ce qui équivaut à 68 grammes de sucre résiduel contre 110 à 125 pour leur barsac classique. C'est cette différence qui explique la volupté caractérisant ce produit.
Et Bernard d'en expliquer le cheminement : « La vendange consiste à récolter en cagette des baies dorées et d'autres botrytisées mais non confites. Ensuite nous pressons à la presse pneumatique à deux bars. La vinification et l'élevage s'effectuent en cuve inox uniquement ».
Six mois de vieillissement et c'est l'embouteillage. Là encore le packaging est en phase avec le produit et la clientèle ciblée : jeune et vif. Et commercialement le succès est au rendez-vous. Dommage que ce type de démarche soit vraiment très esseulé.
Patrick Izaute
http://www.sudouest.com