Chantal Ritter Cochand produit du vin au Landeron. Elle est la seule vigneronne-encaveuse du canton de Neuchâtel. De ses 4,5 hectares de vignes, elle tire avec bonheur 25 000 litres de différents vins: chasselas et pinot noir d'abord, mais aussi des spécialités comme le Ratafia (mélange de marc et de moût), Délire d'Automne (passerillé constitué d'un assemblage de doral, pinot gris et pinot noir sans macération), Perle de Noir (pinot noir surmaturé après congélation).
Elle collabore au fil de l'année aux manifestations mises sur pied par l'Office des vins et des produits du terroir (OVPT) et a notamment participé en janvier dernier au lancement d'un produit typiquement neuchâtelois: le non-filtré. Il s'agit de chasselas, identique au vin blanc traditionnel, à la différence près qu'il n'est ni préfiltré, ni filtré avant la mise en bouteille. Il en résulte un vin au carbonique très présent, que la filtration n'a pas altéré. Un léger trouble est dû aux lies en suspension. Grâce à celles-ci, le breuvage garde un goût fruité et une fraîcheur qui le distinguent de son frère de cuve. En outre, ce vin va continuer d'évoluer en bouteille et même se conserver un peu plus longtemps (trois à quatre ans).
L'évolution du millésime au mois de janvier détermine quelle cuve sera mise en bouteille pour la vente qui a lieu à partir du troisième mercredi de janvier. Cette date est fixée par décret cantonal pour éviter des mises en vente toujours plus rapides.
Un bel allié de la gastronomie
Depuis une bonne dizaine d'années, Chantal Ritter Cochand propose un millier de litres de non-filtré, soit environ 10% de sa production de chasselas. Cette production représente un intérêt pour elle dans la mesure où il donne un avant-goût de ce qui sortira de la cave en avril. C'est en quelque sorte une avant-première, tant pour les clients que pour elle-même. Dans le canton de Neuchâtel, ce vin constitue une tradition pour les restaurateurs et les particuliers qui sont clients de la cave. Il est également distribué en Suisse allemande. L'année viticole écoulée a été bonne: le soleil de juin et de juillet ainsi que la bise de septembre ont été propices aux sucres et aux arômes qui rappellent la banane, le pamplemousse et la pomme verte.
A écouter Chantal Ritter Cochand, le non-filtré comporte de multiples facettes grâce à une large palette d'arômes et peut se décliner avec des plats différents tout au long de l'année: flûtes au sel ou rebibes de L'Etivaz en apéritif; filet de bondelle en entrée; au printemps, les asperges accompagneront ses arômes d'agrumes alors qu'un curry mettra ceux de banane en évidence. Le non-filtré se marie aussi à merveille avec les poissons de la région, palée ou perche. Il semble d'ailleurs que la sauce neuchâteloise est plus onctueuse avec du non-filtré. En hiver, la fondue s'associera aussi très bien avec ce vin qui aura continué d'évoluer.
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