La baronne de Rothschild a bu son premier verre de vin à l'âge de 27 ans, lorsqu'elle a rencontré son futur mari, Edmond (disparu en 1977).
LE FIGARO. - De quel cru s'agissait-il ?
Nadine DE ROTHSCHILD. - Je me souviens parfaitement : un château-lafite-rothschild, le premier grand cru classé du cousin Éric. À l'époque, je n'ai pas pris garde au millésime : l'homme que j'avais en face de moi me subjuguait.
Le vin fait-il partie du savoir-vivre ?
Assurément. On commence par le choisir en essayant de l'accorder aux mets qui seront servis et aux convives qui le dégusteront. Il faut ensuite savoir le goûter pour vérifier qu'on ne s'est pas trompé, et cela aussi s'apprend. Pendant le repas, la satisfaction que je lis sur le visage de mes amis m'apporte presque autant de plaisir que le vin lui-même.
Votre préférence va évidemment aux bordeaux ?
Je n'ai aucune exclusive. Lorsqu'il a acheté Château Clarke, un listrac, mon mari m'a offert un vignoble voisin, le Château Malmaison (Moulis) auquel je suis attachée. J'apprécie aussi les champagnes, les grands crus de Bourgogne ; et je bois avec plaisir les vins que notre fils Benjamin, désormais en charge des domaines, élabore en Afrique du Sud (Fredericksburg) et en Argentine (Clos de Los Siete). Avec les huîtres, j'aime particulièrement un vin blanc du Valais, le pierre-à -feu. Le breuvage que j'exècre, je crois de manière définitive, c'est le kir. Ces monceaux de sucre gâchent le vin, mon palais, et finalement mon repas.
Il y a cinq ans, vous avez créé à Genève, une académie qui enseigne aux femmes le savoir-vivre. Pourquoi cette idée ?
Lorsque, comme moi, vous venez d'un milieu modeste, il vous faut tout apprendre. Nombre de femmes, très compétentes dans leur métier, ignorent les règles élémentaires du savoir-vivre : comment se comporter à table, recevoir, s'habiller selon les circonstances… On peut penser qu'il s'agit-là de détails, mais quand on est arrivée à un certain niveau, c'est l'accumulation des détails étudiés ou négligés qui fait la différence entre l'excellence et la banalité. Exactement comme pour le vin…
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