Aujourd'hui, la cave coopérative à l'origine de la Maison des Maines sera dissoute
Cet après-midi, Gérard Raby, viticulteur et défenseur de la première heure d'un vin de pays en pays du cognac, mettra un point final à l'histoire de la Cave coopérative associative Charentes vinicoles (ACV). L'acte de naissance remonte à fin 1999.
Quatre cents viticulteurs étaient alors réunis à Segonzac au coeur de la Grande-Champagne et voulaient croire à un pari audacieux : créer un vin de pays charentais de qualité, aux côtés du pineau et du cognac.
La diversification des ressources devait soulager l'effondrement du marché du cognac de la fin des années 1990. À l'époque, le marché du vin enregistrait une croissance à deux chiffres dans le monde. Qui plus est, la France et l'Europe mettaient la main au portefeuille pour aider les viticulteurs à reconvertir le vignoble. Même la Communauté de communes de Grande-Champagne y allait de son coup de pouce pour construire deux bâtiments de 1 000 mètres carrés et une station de traitements des effluents viticoles.
En jus de raisin en 2005
La CDC avait emprunté 526 000 ? pour ce faire. À ce jour, les loyers perçus ont permis de rembourser le capital à hauteur de 20 % mais ils couvrent aussi les intérêts et les charges, précise Christian Valtaud, le président de la CDC.
La porte de la réussite était grande ouverte. Elle s'est vite refermée. Dès 2001, le marché mondial du vin s'est retourné en même temps que la viticulture charentaise produisait ses premiers vins.
Lancée trois ou quatre ans trop tard dans l'aventure, l'ACV n'a jamais rattrapé son retard. Même le secours de la grande maison de négoce Rémy-Martin n'a pu répondre aux attentes. En 2004, l'ACV devient « Maison des Maines ». Elle crée une filiale commerciale en association avec Grande-Champagne Patrimoine (GCP), présidée par François-Hériard Dubreuil et entretenant des liens avec la maison Rémy-Martin et ses coopératives de livreurs en cognac.
La société de commercialisation est baptisée Maison des Maines International (MMI). Marketing, promotion, rien n'y fait. Le plus « injuste » est que les vins de la Maison des Maines raflent plusieurs prix saluant leur qualité. Pourtant, la vendange 2005 est transformée en jus de raisin. Elle est aussi écoulée, en vrac, dans les filières vins de pays et de table.
Certes, la Maison des Maines progresse mais pas assez vite pour atteindre un million de bouteilles (elle est au tiers) et trois millions d'euros de chiffre d'affaires, point d'équilibre.
La procédure de liquidation amiable de la coopérative a maintenant un an. La structure de commercialisation, elle, existe toujours mais travaille avec moins de 100 viticulteurs, contre 160 début 2008.
Maison des Maines International commercialise le Grollet, propriété de la Société du Domaine Rémy-Martin. Le jus est vinifié par cette dernière dans un premier chai. Dans le second chai, MMI produit, vinifie et commercialise le reste de la gamme (Mainart, etc.). C'est sur cette activité que MMI cherche de nouveaux partenaires, via une ouverture de capital.
Le directeur Stéphane Lefèbvre veut croire que le vin de pays charentais a sa place. « Il y a des cycles. On finira par le trouver ce marché. Il y a peut-être eu trop de monde à un même moment. Ceux qui restent seront sur des projets renforcés et plus costauds. »
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