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Les vins espagnols à la Conquête de l’Ouest ...

Messagepar Jean-Pierre NIEUDAN » Mar 3 FĂ©v 2009 22:23

Les Etats-Unis seront d’ici 2010 les premiers consommateurs de vin au monde, dépassant les pays européens qui tenaient depuis toujours le haut du pavé. L’Espagne l’a compris et part à la conquête du marché américain. Espagne 1 – France 0 ?

Le whisky ? Trop classique sûrement. La bière ? Trop populaire. Désormais aux Etats-Unis, c’est le vin qui est à la mode : 300 millions de caisses de bouteilles y ont été exportées l’année dernière. Alors que la tendance européenne est à l’arrachage définitif de vignes et au ralentissement des replantations, les opportunités pour les pays producteurs de vins, France et Espagne en tête, sont à saisir ailleurs. En ligne de mire, l’Oncle Sam qui fait figure d’Eldorado depuis que les Etats-Unis sont devenus, cette année, le premier marché de consommation mondiale, dépassant la France et l’Italie, duo gagnant depuis des dizaines d’années.
Falcó, le président du salon « Iberwine », donne le La des ambitions espagnoles en déclarant que « l’Espagne peut devenir une locomotive pour introduire les vins espagnols, portugais et ibéro-américains aux Etats-Unis ».
Boire bien ou boire beaucoup, il faut donc choisir, et les deux pays ont opté pour deux stratégies opposées. En France, le vin rime avec qualité, un principe impulsé en partie par la forte consommation intérieure, et qui oblige les producteurs à veiller à la grappe. En revanche, l’Espagne abreuve les marchés du « Nouveau Monde » - Etats-Unis, Nouvelle-Zélande, Australie, Afrique du Sud, Chine entre autres – de vins moins valorisés… En 10 ans, la France a ainsi doublé sa part de marché en valeur par rapport au nombre de bouteilles écoulées. A l’inverse, l’Espagne a dans le même laps de temps augmenté son rendement de 27 hl/ha à 42 hl/ha, prenant ainsi la tête du classement mondial du potentiel vinicole. Cela lui a donc permis de devancer la concurrence et d’exporter dans de grandes proportions, en négligeant parfois la valorisation des vins vendus.
Profitant d’un soutien public très conséquent, la France récolte les fruits de son image de marque, et elle vaut de l’or. Mais l’Espagne ne compte pas en rester là et certaines grandes marques privées n’hésitent pas à taper fort. Pour la première fois, le salon du vin ibéro-américain Iberwine s’est installé à Miami et environ 40% des stands étaient réservés à des vins espagnols. Castille-la-Manche, l’Andalousie, les vins du Rioja, de Toro ou encore de Ribera del Duero sont les ambassadeurs d’une Espagne qui veut croire au rêve américain. Et pour montrer que tout n’est pas question de quantité mais aussi de qualité, des séminaires tels que « L’Espagne contre le reste du monde » font déguster à des papilles exigeantes les plus grands crus espagnols, comparés chaque fois à un grand vin français, chilien, italien ou australien. Aucun d’entre eux ne descend sous la barre des 94 points WA attribués par Robert Parker. L’Espagne veut elle aussi jouer dans la cour des grands ! Sur la première marche du podium depuis 2005, l’Espagne a su restructurer en grande partie son vignoble afin d’être plus compétitive et plus flexible pour l’export. Déjà 5ème sur le marché américain en volume de ventes, l’Espagne peine toujours à devancer la France, indétrônable nº1 en termes de valeur par bouteille. Le célèbre critique Robert Parker, qui avait été l’un des premiers à reconnaître la qualité des vins espagnols avait déclaré dans un entretien au Figaro que « L'Espagne fait actuellement beaucoup de bruit sur la qualité grandissante de ses vins. C'est un pays qui a évolué d'une mentalité coopérative à une mentalité artisanale propre à chaque domaine. » mais que «le vin français reste la référence mondiale ». La question se pose pour lui avant tout en termes de « cible de marché » : « le monde est grand et le nombre de personnes réclamant des bons vins augmente plus rapidement que ce que peut produire la France, l'Italie ou l'Espagne. Tout est une question d'éducation et de positionnement du produit sur un marché cible. »
Reste à voir si la France se reposera sur ses lauriers, en dépit d’innovations et de restructurations parfois nécessaires, ou si elle saura profiter de cette image pour se donner un nouvel élan sur les marchés mondiaux. Prochaine échéance en 2015 : le Centre de recherche pour l'étude et l'observation des conditions de vie (Credoc) voit déjà l’Espagne comme premier producteur mondial…devant la France.

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Jean-Pierre NIEUDAN
 
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