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[Jean-Pierre NIEUDAN]

La 13e Percée du vin jaune a commencé sous un grand soleil et s’est terminée dans la grisaille et une certaine inquiétude sur la pérennité des fêtes viticoles, ce week-end à Passenans et Frontenay.

Le temps peut changer bien vite, et l’ambiance aussi ! Samedi, la 13e Percée du vin jaune a ouvert ses portes sous un radieux soleil d’hiver, dans les deux petits villages de Passenans et de Frontenay, entre Lons-le-Saunier et Poligny. Les 81 caveaux de dégustation ont accueilli, en cette seule journée, 19 000 visiteurs, ce qui est un record. La vente aux enchères des vieux millésimes jurassiens, pour sa part, a superbement ignoré la crise, avec une adjudication à 980 € pour un Château-Chalon 1929 d’Élie Macle et une autre à 900 € pour un vin jaune 1895 du domaine Trésy à Passenans.

Nuages

Le premier nuage est apparu samedi en soirée. Au banquet de la filière viticole, Marie-Christine Tarby, présidente de la filière interprofessionnelle des vins du Jura, a quelque peu douché l’euphorie en évoquant le projet de loi sur l’hôpital et la santé qui doit être examiné dans les prochains jours. « Cette Percée pourrait être la dernière », a-t-elle lancé, en relevant que le gouvernement veut interdire les open-bars où un modique ticket d’entrée donne droit à plusieurs verres d’alcool. Il s’agit de rendre plus difficile à organiser les soirées beuveries qui se développent à grande échelle dans le milieu étudiant, et les vignerons sont exactement dans l’axe de tir du projet de loi : la Percée du vin jaune, au même titre que la Saint-Vincent tournante du vignoble bourguignon, est considérée comme un open-bar.
Comme par un fait exprès, la météo s’est subitement dégradée. Dans la nuit de samedi à dimanche il est tombé quelques flocons de neige et, hier matin, c’est sous un ciel gris que le public a entendu Christian Vuillaume, maire de Château-Chalon et grand animateur de la Percée, faire état des menaces sur les fêtes vinicoles. Sifflets et bronca ont accompagné ses explications. Alain Joyandet, ministre de la Coopération, venu en voisin de Vesoul dont il est le maire, pourra transmettre en haut lieu le mécontentement qui s’est exprimé.

Hymne au vin jaune

Ce moment d’angoisse passé, la Percée a repris ses droits, et le pianiste de jazz américain Tom McClung, parrain du millésime, a fait revenir la bonne humeur en créant, en direct, un hymne à la gloire du vin jaune. Hymne repris en chœur par la foule : la Percée, qui existe depuis treize ans, a désormais sa chanson officielle.
Peut-elle s’éteindre dans ces conditions ?
Personne ne veut y croire, et d’ailleurs, le prochain rendez-vous est déjà fixé au premier week-end de février 2010 à Poligny.

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