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[Jean-Pierre NIEUDAN]

Didier Mariotti est la star montante des chefs de caves de la Champagne. Toujours chanceux, il est passé par les plus grands avant de devenir le maître des vins de la marque Mumm.

«J'ai eu de la chance », se plaît-il à répéter. Didier Mariotti a 36 ans. Il est d'origine Corse du côté paternel, issu d'une lignée de viticulteurs bourguignons du côté maternel. Un mélange étonnant qui lui a forgé le caractère. Les bulles sont très loin de son univers de jeune étudiant puisqu'il souhaite « faire médecine militaire. J'avais besoin d'être canalisé et encadré. Ma mère ne voulait pas. Comme j'adorais la biologie, je me suis donc dirigé vers des études pour être ingénieur agronome ».

Le produit et l'ambiance
En sortant de l'école de Nancy, il connaît son premier coup de chance et son premier contact avec la Champagne. Son premier stage sur « l'optimisation des matières sèches » se déroule chez Moët & Chandon. « Je me retrouve en production. Et je découvre l'univers champenois. J'adore le produit et l'ambiance. » Fort de cette première expérience, il décide même de la prolonger en faisant les vendanges pour la « grande maison ». « J'y ai rencontré des gens passionnants comme Dominique Foulon (chef de caves). » À la fin des vendanges, on lui propose de rester un an pour une mission.
« La mission s'est arrêtée alors que je pars à l'armée en juillet 1997. » Mais là encore, la chance joue des coudes. « Je suis affecté sur un poste d'expansion économique pour le ministère des Finances à New York. J'étais responsable de la filière vins et spiritueux. »

« Rester moi-même »
Après 18 mois de « service militaire », il se rappelle au bon souvenir de Dominique Foulon. Celui-ci est prêt à l'aider, mais il doit passer son DNO (diplôme national d'œnologie) à Reims. Il fera d'ailleurs partie de la première promotion. « Je fais mon stage d'œnologue chez Moët, mais ils ne peuvent rien me proposer. Je décide de passer mes vacances en Corse lorsqu'on m'appelle pour rencontrer Jean-Pierre Vincent chez Nicolas-Feuillatte. Je suis engagé en tant que responsable de cuveries. »
Il reste 4 ans au centre vinicole à Chouilly. « Je découvre une petite annonce » : Mumm cherche un adjoint au chef de caves de Dominique Demarville (époque Allied-Domecq). « J'ai la chance d'être embauché. » Quelques années plus tard, coup de théâtre alors que Pernod-Ricard vient de racheter Mumm, Dominique Demarville part chez Veuve-Clicquot.
Le choix du groupe apparaît comme une évidence. « Didier était la meilleure personne puisqu'il s'inscrivait en droite ligne de Dominique Demarville », explique Olivier Cavil, directeur de la communication chez Mumm. Une chance encore ! Également un sacré défi à relever. « J'ai eu beaucoup de plaisir à travailler avec Dominique. Toutefois je veux rester moi-même. » Ce qui lui a plutôt réussi. « Je doute toujours, mais depuis le début de ma carrière, beaucoup de gens m'ont fait confiance. S'ils ont voulu me transmettre leur savoir, c'est qu'il y avait une raison. Et cela me rassure. »

http://www.lunion.presse.fr Sophie Claeys-Pergament