Avec «M. Caviar», la crise n'est pas de mise. Anachronisme du luxe, la consommation de caviar ne s'est en effet jamais si bien portée.
Le Figaro. - Si je vous parle de vin, vous me répondez caviar ?
Armen Petrossian. - Bien sûr et du champagne qui va avec. Le champagne est l'ami du caviar. Pas tous. Cela dépend de la vinification, de l'âge et du dosage. Mais c'est la vodka que je préfère.
Il n'y a pas que le caviar dans la vie ?
Dans la mienne, il est important. J'en mange tous les jours. Et j'y trouve toujours du plaisir. Il y a aussi le vin en général. Le vin a pour moi un côté sacré.
Vous voulez dire religieux ?
Oui. Le vin de la messe. J'ai été élevé par les jésuites russes. Et quand je bois du vin, mon éducation ressort. Le côté épicurien de la religion me réjouit. Le vin est pour moi une culture avec l'irruption du sacré.
Et le vin laĂŻc ?
J'aime le vin aussi en dehors de la table. Un grand bordeaux en apéritif, on l'apprécie davantage. On lui consacre du temps.
Vous n'ĂŞtes pas sensible aux accords mets et vins ?
Si, au contraire. Certains me ravissent. Rien de mieux qu'un grand sauternes avec un roquefort, une fourme d'Ambert, un bleu d'Auvergne ou un stilton.
Votre premier souvenir de vin ?
J'avais 5 ans. J'adorais aller casser la croûte avec les ouvriers de l'atelier de fumage de saumon que possédaient mes parents dans le nord de Paris. Ils m'ont tendu un verre de vin mélangé avec de l'eau. Juste quelques gouttes. Le soir même, j'ai annoncé fièrement à mon père : « À midi, j'ai bu du vin ! » Il n'était pas content. Cinq ans plus tard, mon père m'a fait goûter un grand cru et m'a dit d'un ton solennel : « Ça, c'est du vin. » Il avait raison. C'était très bon.
Propos recueillis par Jean-François Chaigneau http://www.lefigaro.fr