Ancien défenseur de la cause de l’eau, Arnaud Dietrich milite aujourd’hui pour le bon vin. Marchand ambulant, il vit à la campagne, et prend le temps d’aller à la découverte de « vignerons naturels ».
« C’est complexe. Il existe une certification AB pour le raisin issu de la culture biologique, mais rien pour la vinification. Bref, pour trouver des vins naturels, il faut aller voir comment travaillent les vignerons. Et, bien entendu, faire confiance à son palais ».
Bio et bon Ă la fois ?
Pas de souci. Arnaud est né dans une famille d’amateurs de bon vin, à Libourne (Gironde). « Du CP au Bac, j’ai fait les vendanges avec mon grand-père ; un maçon qui, comme tous les anciens, avait son petit carré de vigne ». Et pourtant, c’est d’eau qu’il s’occupe, pendant dix ans, à Eau et Rivières. Il y a quelques années, l’association, fin des emploi-jeunes oblige, dégraisse ses effectifs. Arnaud renoue avec sa passion première. « Vu ma connaissance du problème des pesticides, je me suis interrogé sur la qualité d’élaboration du vin. Au début, je n’ai pas trouvé mon compte : il n’existe pas d’un côté, le bon vin bio et, de l’autre, le mauvais vin conventionnel ».
« Ne pas être borné »
De fait, un raisin bio, s’il apporte une certaine sécurité sur le plan des pesticides, ne garantit pas un bon vin. « Le raisin peut être récolté précocement ou trop mûr ; ce n’est pas idéal pour le goût. De plus, dans ce cas, il sera généralement sulfité, cristallisé, levuré ou acidifié par le biais d’additifs », explique Arnaud. « Mais il ne faut pas être borné. Si les conditions météo ont été difficiles, mieux vaut un vin légèrement sulfité qu’un vin qui ne tiendra pas la distance. En fait, c’est mon palais qui me guide, ainsi que les rapports de confiance que je noue sur le terrain. Je prends le temps, comme je n’ai pas de magasin à tenir ». En Languedoc, Touraine ou Anjou, où le foncier est moins cher qu’en Bourgogne ou dans le Bordelais, Arnaud a découvert une génération de jeunes qui revitalisent les pratiques naturelles. Non content de discuter, de goûter, le « caviste » met aussi la main à la pâte, en participant aux travaux de taille ou aux vendanges.
Un passeur
« La manière idéale pour voir si le sol est vivant. Un critère essentiel si on veut travailler avec des raisins bio, vinifiés sans sulfites, avec leurs propres levures et mis en bouteille sans conservateurs. Un vin naturel n’est pas du tout un vin de dilettante. Ce n’est pas laisser faire la nature, mais l’accompagner à chaque étape. Je suis vraiment admiratif devant ces vignerons-là , qui se donnent du mal ! ». Le jeu en vaut la chandelle. Arnaud a sélectionné dans son catalogue de véritables petits bijoux. Des vins de table ou de pays, hors AOC - souvent volontairement - qui, malgré leur prix (de 6 à 15 €), défient sans complexe les crus établis. C’est avec émotion qu’il les fait découvrir à ses clients, sur les marchés, foires bio ou à domicile, lors de soirées. Un rôle de « passeur » qu’Arnaud commence aussi à exercer auprès de restaurateurs « qui n’ont pas les moyens d’avoir un sommelier ou de courir les vignobles ».
Au fait, il a appelé sa petite entreprise Trink. A votre bonne santé...
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