Un plan de modernisation remis jeudi au cabinet du ministre de l'Agriculture Michel Barnier propose un véritable bouleversement de la viticulture française en l'adaptant aux régles de la concurrence mondiale, notamment des pays du Nouveau Monde (USA, Amérique du Sud, Australie, Afrique du Sud).
M. Barnier annoncera les principales dispositions du plan de modernisation de la viticulture fin mai, a indiqué le ministère.
La principale innovation consiste en une "segmentation à trois niveaux" des actuelles catégories de vins (de table, de pays, VDQS et AOC), selon ce document dont l'AFP a obtenu une copie.
Le premier niveau, qui ferait largement appel à la notion de cépage provenant de plusieurs régions, correspondrait au positionnement actuel du vin de pays "Vignobles de France".
Une catégorie "intermédiaire" serait constituée de vins provenant d'une indication géographique précise "se référant à un territoire régional".
Enfin, dans la catégorie reine, les vins pourraient se reférer "à un terroir marquant profondément la typicité du produit".
Autre bouleversement proposé: une "levée des verrous réglémentaires nationaux" pour adapter les pratiques oenologiques à celles définies par l'Office international de la vigne et du vin (OIV).
Ainsi l'irrigation des vignobles et l'utilisation des copeaux de bois pourront être autorisés pour les vins sans indication géographique.
De plus "les conditions de publicité et de promotion de l'offre de produits viticoles doivent être précisées et actualisées pour que les articles de presse ne soient pas considérés comme des messages publicitaires, et pour intégrer le support internet", ce que n'avait pas prévu la loi Evin de 1991.
L'association Vin et Societé , qui représente l'ensemble de la filière viticole, s'est félicité, dans un communiqué jeudi soir, de cette dernière proposition mais a estimé qu'"il faut maintenant passer des écrits aux actes".
"Il est en effet hors de question d'evoquer l'avenir de la filière viticole et l'amélioration de sa compétivité sans résoudre ce problème", affirme Marie-Christine Tarby, présidente de Vin et Société.
La France compte 886.000 hectares de vignoble, la deuxième superficie au monde derrière l'Espagne, et a produit 47,1 millions d'hectolitres en 2007 pour une valeur d'environ 8,7 milliards d'euros.
Les exportations des vins "tranquilles" (hors effervescents) se sont élevées en 2007 à 4,16 milliards (+7,1% en valeur sur 2006) et celles de champagnes (+1O,4% en valeur) à 2,36 milliards.
Les trois auteurs du rapport sont Jérôme Despey, président du conseil de direction vins de Viniflhior (office des fruits, des légumes, des vins et de l'horticulture), Yves Bénard, président du Comité vins de l'Institut national de l'origine et de la qualité (INAO) et Bernard Nadal, président de l'Institut Français de la Vigne et du Vin.
Jeudi 24 Avril 2008 AFP