L'oeil malicieux et le sourire aux lèvres, Éric Bourdin a tout l'air d'un bon vivant. Il en a aussi les goûts, puisque ce professeur de russe au lycée Camille-Jullian est amateur de bonne chair et de bon vin. Un amateur pour le moins éclairé, comme il l'a prouvé le 10 octobre dernier en devenant, avec ses trois coéquipiers, champion d'Europe de dégustation de vin.
Originaire de Bordeaux, Éric fait partie du Tire-Bouchon Attitude - le club de dégustation de vin de Langon - depuis aussi longtemps qu'il habite Fargues, soit une trentaine d'années au total.
11e au championnat de France
En juin dernier, il s'est mesuré avec son ami Éric Fronta, un viticulteur langonnais, aux 30 équipes qualifiées pour la finale des championnats de France. Finalement onzièmes, les deux compères ont été très heureux que leurs amis toulousains Pierre Citerne et Didier Sanchez obtiennent la première place, se qualifiant ainsi automatiquement pour les championnats d'Europe, organisés à Paris par la prestigieuse revue des vins de France.
Une deuxième bonne nouvelle attendait Éric : ces épreuves se disputent par équipes de quatre et il restait donc aux Toulousains, membres du club In Vino Veritas, à trouver deux coéquipiers supplémentaires. Le premier fut l'un des leurs, Laurent Gibet. Le second serait un des deux Éric, à eux de choisir.
Élégamment, Éric Fronta s'est effacé, considérant que l'expertise de son ami en matière de vins étrangers conférerait un avantage à l'équipe. Un avantage pouvant s'avérer décisif dans une telle compétition, portant sur des vins du monde.
L'intuition a porté ses fruits
Si l'équipe, comme ses concurrents, a eu les plus grandes difficultés avec deux vins croates et mexicains, Éric a été capable d'identifier un cépage sud-africain méconnu : le pinotage.
Un coup de maître
Mais son coup de maître tient en partie à un coup de chance. Un mois avant le championnat, l'un de ses amis a ouvert lors d'une séance d'entraînement une bouteille de cépage Torrontes, ramenée d'Argentine. Lors du concours, quand il a senti ce vin, Éric savait qu'il tenait le bon cépage. Moins sûr, il a tenté le nom du producteur, qui s'est avéré être le bon.
Restait tout de même dix autres vins, puisque le concours compte six blancs et six rouges. « Nous avions une liste de dix pays pour 12 vins, explique Éric, et nous devions tenter de trouver, dans l'ordre, le pays, la région, le cépage, le millésime et le producteur. »
La tâche était loin d'être facile, mais le succès qu'à rencontré Éric ne lui est pas monté à la tête. « On est loin d'une science exacte avec le vin. On peut retrouver un producteur argentin et se tromper sur un Bordeaux. » Une notion d'humilité que même un champion d'Europe garde toujours à l'esprit.
Barnabé Chaix
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