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Un Lafite 34 d'un autre siècle

Messagepar Jean-Pierre NIEUDAN » Ven 30 Oct 2009 14:31

Survivants de siècles dont nul humain ne vient ni se souvient, ils ne sont plus que quelques-uns de par le monde. La plupart de ces flacons de verre soufflé n'ont jamais quitté la cave où ils avaient été placés dès l'origine. Immuables quand bien même tout autour d'eux changeait jusqu'aux chais. Des chais de maîtres architectes en avance sur leur temps et devenus prétendants au statut d'oeuvres d'art....
Lafite 1834 et Yquem 1899 : en présence d'un nombre forcément limité d'invités, Pierre Lurton, directeur des châteaux d'Yquem et Cheval Blanc, choisit, voilà quelques soirs, de libérer deux de ces vestiges d'un autre temps vinicole.

L'un témoigne d'une histoire où le phylloxéra n'avait pas sévi, l'autre d'une époque où l'on ne se fiait qu'aux lunes et non aux satellites artificiels pour décider de récolter. En amuse-fine gueule, furent servis deux millésimes presque juvéniles. Apporté par Richard Pottecher, l'un des plus grands collectionneurs français, un consensuel château Latour 1904, encore très présent avec ses arômes de tabac blond, de vieux cuir et sa finale de caramel. En prélude au 1899, un Yquem 1921 absolument cristallin, moins opulent, plus pur que 1929, souvent jugé - à Sauternes, pas à Wall Street - comme le meilleur des années 1920.

Il domina 1899, de l'avis de Bernard Le Marois, PDG de wineandco.fr, l'homme qui, l'an passé, vendît en ligne un siècle de millésimes d'Yquem. Enjamber les siècles est plus aisé au premier des liquoreux qu'aux mieux classés des rouges. Aussi, le service du Lafite 1834 fut-il accueilli par une longue et muette stupéfaction. Le vin présentait une couleur pourpre soutenue, un parfum enivrant. Bien plus que le 1806, plus vieux Lafite jamais dégusté par Charles Chevalier, régisseur et mémoire de ce domaine qui n'était pas, alors, propriété des Rothschild (il le deviendra en 1867) mais d'un certain monsieur Scott.

La couleur de la robe intriguait, la fraîcheur du bouquet, délicat au demeurant, ne laissa plus place au doute. Pourtant acquis auprès d'un vendeur réputé, ce 1834 avait été reconditionné - complété et rebouché - comme c'était parfois l'usage pour ces millésimes ancestraux. Ce n'était plus un vin pour l'histoire, mais les larmes qui coulaient le long des verres racontaient l'Histoire du vin.

Jean Francis Pecresse
http://www.lesechos.fr/journal20091030/ ... siecle.htm
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Jean-Pierre NIEUDAN
 
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