« En 2010, vous passez à 25 millions d’euros. » En quelques secondes et peu de mots, le budget marketing de Sud de France vient de connaître une hausse de plus de 50 % (*). Depuis près d’une heure, Georges Frêche débat avec les responsables de la coopérative Foncalieu, à Arzens.
Et le président de la Région ne ménage pas ses effets pour assurer les viticulteurs de son attention et de son soutien. « Si on peut seulement avoir un million sur ces 25 », s’amuse Michel Bataille, président de Foncalieu. « Sur les 14 millions supplémentaires, vous pourrez bien en avoir un ! », réplique Georges Frêche. Avec son art de la formule et son talent pour les raccourcis, le président en visite et en campagne a vite fait de résumer ses certitudes : « Tant que je serai aux affaires, je resterai décidé à miser sur la viticulture ; parce que ce n’est pas qu’une question économique, c’est aussi une marque de civilisation. Et de l’argent, il y en a. Quand vous aurez besoin, j’en aurai à distribuer, on mettra ce qu’il faut. »
Garantie avancée en rappelant que les lycées, grand chantier du mandat sur le point de s’achever, absorbent 55 % du budget de la Région. « Mais cet effort va s’achever en 2011. Un gros tiers du budget va donc être libéré. La viticulture, on va donc essayer de la sauver, même si certains vont morfler. » Charmeur quand la question de l’aide financière vient sur le tapis, le président de la Région ne se prive pas de bons mots et petites piques.
« Le plus difficile, ce sera de changer les mentalités. Les viticulteurs sont sympas, mais têtus comme des bourriques. Beaucoup préfèrent mourir plutôt que bouger. » Bouger, c’est une volonté qu’a justement voulu démontrer Michel Bataille, en rappelant les « mutations que va subir la filière languedocienne. Et il manque de visionnaires dans cette filière ». Selon lui, les pistes à explorer sont légions : rentabilité des vignobles à accroître, via l’irrigation et l’aménagement foncier ; travail sur les outils de transformation, en usant notamment de fusions ou regroupements. Et enfin, travail sur la commercialisation, pour une entreprise « tournée vers le monde ».
Dernier axe de travail évident pour une union de coopératives qui réalise 85 % de son CA à l’export. Invités à exprimer leurs attentes, les directeur commercial et marketing de Foncalieu diront d’ailleurs à Georges Frêche toutes leurs attentes pour gommer, via Sud de France, « une image brouillonne qui fait que nous perdons des parts de marché en Grande-Bretagne ». Appel donc entendu, avec cette promesse de doublement du budget marketing Sud de France. Et quelques minutes plus tard, déjà , la définition d’une stratégie : « Il faut désigner les pays sur lesquels porter l’effort. Nous allons attaquer la Grande-Bretagne, les Pays-Bas, la Belgique. » Ambitions finalement étendues, en faisant de l’Asie, des Etats-Unis, du Brésil, ou encore de la Russie, de futurs terrains de conquête.
(*) Il était de 11 M € cette année.
Antoine Carrié
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