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St Emilion : la saga des Aubert continue

Messagepar Jean-Pierre NIEUDAN » Mar 13 Oct 2009 09:06

Au château la Couspaude (grand cru classé), Yohann prend le relais de son père Jean-Claude, perpétuant une tradition viticole débutée dans la région en 1750

Cent ans qu'elle dure, la lune de miel entre le château La Couspaude, grand cru classé de Saint-Émilion, et les Aubert, une famille de vignerons dont l'origine remonte à 1750, du côté de Saint-Antoine-du-Queyret.

Une saga familiale qui a débuté très exactement le 24 janvier 1908 lorsque Jean-Prosper Robin, l'arrière grand-père des propriétaires actuels, a acheté aux enchères cette magnifique propriété de 7,5 hectares au coeur de la cité médiévale, à 400 mètres de la collégiale.

Handballeur viticulteur

Un joyau parmi les vignobles de la dynastie (lire par ailleurs) qui fait couler du bonheur de couleur rubis et aux senteurs de cachou. Et sur lequel veillera désormais Yohann, 24 ans, le dernier de la lignée prêt à assurer la relève de son père Jean-Claude, le handballeur viticulteur.

Ce dernier, par ses qualités physiques et techniques avait manifesté plus d'aptitude dans les salles de sports que sur les bancs de l'école.

Après avoir échoué au bac et sacrifié sa carrière internationale prometteuse - il a disputé une douzaine de matches avec l'équipe de France de handball juniors et espoirs, fait briller les couleurs des Girondins de Bordeaux alors au sommet avant de venir renforcer le HBCL (Libourne) et le club de Montpon, - Jean-Claude, en parfait autodidacte, avait lui-même reprit le flambeau de La Couspaude en 1978. Non sans succès. À force de travail et de volonté, en s'entourant des conseils avisés de l'oenologue Michel Rolland, il a réussi à gagner le classement du cru, tout en se lançant dans l'oenotourisme, encore trop souvent à l'état embryonnaire dans la région.

Les caves et les chais de 2 000 m² qui serpentent sous la cour du château (quinze ans de travaux !), c'est lui. Le ballet des hélicoptères transportant les visiteurs de Vinexpo à Saint-Émilion, c'est encore lui. L'ouverture de la salle de réception au monde des arts et des sports (expositions, olympiades de rugby caritatives), séminaires, c'est toujours lui, comme les chevaux de bronze immanquablement photographiés dans la cour par les touristes. Sur les bases d'un cru aux arômes subtils et fondus, mariant harmonie, équilibre, finesse et volupté, il a su marier à La Couspaude le plaisir et la convivialité au travail bien fait.

Le relais

Aujourd'hui, à 60 ans, Jean-Claude a décidé de passer le relais. Il veillera encore aux comptes de la propriété et fera profiter son héritier de ses conseils, mais c'est désormais Johann qui a l'avenir du grand cru classé entre les mains.

« J'avais débuté en viticulture en vendangeant du blanc en Entre-deux-Mers. C'était en 1968. Une année qui a marqué les esprits sans laisser pour autant de souvenir impérissable dans la mémoire des viticulteurs ».

Johan démarre, lui, avec un cru qui s'annonce exceptionnel, avec des grains de merlot somptueux, de petite taille indiquant un rendement modéré, des degrés naturels élevés, des peaux épaisses, très aromatiques et riches en composés phénoliques mûrs, des pépins confits, des moûts puissants. « Je n'ai jamais vu ça, assure Jean-Claude Aubert. Je n'étais pas encore là pour le millésime de 1947, mais je sais que ce sera encore mieux que 1982 », assure-t-il.

De grosses ambitions

Johann mesure toute la chance qu'il a de lui succéder. Après quatre années passées au lycée agricole de Libourne Montagne, il a peaufiné son enseignement comme stagiaire au château Pavie et à Beauséjour, étudié la commercialisation des vins et des spiritueux à Vancouver au Canada, et doit se rendre prochainement en Afrique du Sud et en Argentine, étudier d'autres vignobles, d'autres méthodes, travailler ses langues. « Aujourd'hui il faut parfaitement maîtriser l'anglais et l'espagnol », explique-t-il. S'il assure avoir appris auprès de son père l'importance du savoir-faire et du faire-savoir, la force de l'esprit d'équipe - il loue les excellentes relations entretenues au sein de la famille où les décisions sont prises de manière collégiale - il nourrit pour La Couspaude une ambition qui n'a d'égale que sa passion.

« Nous avons la chance de posséder une terre calcaire exceptionnelle, qui agit comme une éponge. Une terre de feignants », explique-t-il sans rire, en montrant la coupe géologique exposée sous verre à l'entrée des chais. « Mais je vais me battre pour exploiter au mieux ce trésor, car il n'y a de bon vin, que s'il y a du bon raisin », affirme-t-il.

Pour sa première récolte qui a débuté vendredi, dernier, Johann s'est lancé dans la vinification intégrale. Les baies récoltées à la main sont triées à deux reprises avant de rejoindre le cuvier. Mais une bonne partie de celles-ci sera directement vinifiée cette année dans des barriques neuves et de chauffe courte, pour garder l'équilibre entre le fruit et le bois. « Cette vinification intégrale qui amplifie l'extraction est destinée à donner le maximum de couleur et de tanin », explique-t-il.

Il ambitionne également de faire de La Couspaude, un premier grand cru classé. « Rien n'est jamais acquis d'avance, estime-t-il. Il faudra toujours plus de travail et d'investissement, mais il faut bien aller plus loin et rechercher la perfection. Quand je vois la terre que nous avons, je me dis qu'il en reste encore sous le pied et ça me donne envie de foncer ». La nouvelle génération n'a pas froid aux yeux.

jean-françois harribey
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