Depuis le début du mois de septembre, jusqu’à la mi-octobre, les foires aux vins battent leur plein. Pour les grandes surfaces, l’enjeu est capital. L’événement représente entre 10 et 20 % du chiffre d’affaires annuel.
Difficile d’échapper aux foires aux vins. De début septembre à la mi-octobre, le sujet fait déborder les boîtes aux lettres, phagocyte les encarts publicitaires et décroche les Unes de magazines.
DOSSIER
Le concept, lancé en 1980 par Leclerc, est aujourd’hui devenu un véritable phénomène de consommation. Cavistes et sites internet ont emboîté le pas. Mais les grandes surfaces restent les têtes de gondole de la manifestation. «Cela représente 10 à 15 % du chiffre d’affaires global de notre hypermarché », explique Christophe Cabarez, chef du secteur liquide au Leclerc d’Hauconcourt.
Après avoir distribué 50 000 catalogues, l’enseigne a ouvert vendredi au public son énorme chapiteau de 800 m2. Rien que ça ! Implanté sur le parking, il est entièrement consacré à l’événement. A l’intérieur : la bagatelle de 250 000 bouteilles, quasi exclusivement françaises : «On va en écouler 70 %. Le reste constituera nos stocks de fin d’année. » Sous la tente, un chef de cave et trois sommeliers sont aux petits soins avec les clients. Une cinquantaine de bouteilles sont ouvertes et les dégustations s’enchaînent.
Comme cela se fait beaucoup, la grande surface avait invité jeudi soir en avant-première ses mille meilleurs clients. Ceux qui ont dépensé au minimum 400 € dans la cave de l’établissement. Avec pour invité vedette Jean-Luc Puteaux, meilleur sommelier du monde en 1983. Résultat : 700 participants et un ticket moyen de plus de 100 €. «On n’a jamais connu un tel succès. Des Allemands ont même acheté pour 11 000 € », se félicite le responsable.
Le jackpot pour cette enseigne qui prend depuis plusieurs années le soin de se constituer une cave à vin de prestige. «Notre foire est composée à 50 % de vins sélectionnés par notre enseigne au niveau national, à 30 % par une sélection destinée aux 40 magasins de l’Est de la France et enfin à 20 % par notre propre réseau, les fournisseurs avec qui on a l’habitude de travailler directement. » L’un d’eux, installé dans le Beaujolais, est même présent sur place avec 600 bouteilles : «Pour tous les viticulteurs, la vente en foire aux vins est devenue incontournable. Elle est très médiatisée et est entrée dans les mœurs », reconnaît Pascal Colvray, ravi de pouvoir, lui-même, faire déguster le fruit de son travail.
En finir avec l’embourgeoisement
Cette édition 2009 n’en est pas moins entourée de deux inconnues. D’un côté l’effet crise. Les vins de Bordeaux enregistrent ainsi une chute des ventes de 4 % sur la dernière année. De l’autre, le fameux millésime 2007, pas vraiment qualifié de réussite par les spécialistes. «C’est vrai qu’il a eu mauvaise presse. Par contre, cette année, on trouve d’excellents vins du même millésime mais d’autres régions », reconnaissent Miguel Bernard, le chef de cave, Hervé Bracquart et Michel Fischer, deux des sommeliers. Cette année, les bouteilles à moins de 10 € servent de produits d’appel et les promos du genre «un carton acheté, un deuxième offert», se multiplient. Une manière d’en finir un peu avec l’embourgeoisement du vin, et de coller un peu plus à l’air du temps.
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