Il y a des hasards qui s'imposent comme des évidences. Partir une année en « 9 », symbolique des grands crus, quelques jours après le début des vendanges, sur un millésime qui s'annonce exceptionnel... Jean-Louis Brosseau ne pouvait rêver plus bel honneur. Les pensées de cette figure du vignoble vont aux exploitants : « Je suis heureux pour eux. »
A 59 ans, le conseiller viticole de la chambre d'agriculture quitte son bureau du château de la Frémoire, à Vertou. Sans vraiment décrocher. Il continuera à animer son association, In vino vita, pour faire découvrir le vin. On ne se refait pas : Jean-Louis est tombé dans le fût dès son plus jeune âge. « Je me rappelle de mes premiers mots, dans la cave de mon père, viticulteur à La Haye-Fouassière. Il voulait me faire dire bonjour à un client, j'ai répondu "muscadet" ! »
Pendant trente-huit ans, ce conseiller a accompagné les vignerons de la région. Il les a observés, écoutés et aidés à faire évoluer un vin décrié. Ensemble, ils ont appris à réguler les températures de fermentation du raisin pour gagner en qualité. Ils se sont engagés à lutter de manière raisonnée contre les maladies viticoles.
Bien sûr, l'homme a connu les coups durs. Lors du gel de 1994, il était au côté des viticulteurs et de leurs familles pour leur apporter un réconfort moral. Celui que l'on a parfois surnommé « le médecin de la vigne » s'est aussi fait l'ambassadeur du muscadet. A l'étranger comme à Nantes, où il a formé des chefs d'entreprise : « Ces échanges sont l'un de mes meilleurs souvenirs, précise-t-il. La région a besoin de redécouvrir un vignoble qui a beaucoup évolué. »
Jean-Louis Brosseau a su faire chanter le muscadet pour lui redonner des couleurs. « C'est un vin surprenant. Il ne vient pas à vous. On s'attend à une note acide, et en cherchant, on trouve les arômes de l'élégance, de la finesse. » Une élégance à son image, lui dont les moustaches minutieusement taillées viennent prolonger un large sourire.
Volontiers séducteur, même s'il s'en défend, ce père de quatre enfants semble faire l'unanimité dans le vignoble. « Il a toujours cherché le consensus », témoigne Alain Gaubert, viticulteur à Vallet. Un trait de caractère qui ne l'a pas empêché d'exprimer ses points de vue : « J'ai parfois dit des choses dures, mais toujours avec le respect de la personne. » Amoureux du vin, Jean-Louis Brosseau l'est encore plus « des hommes et des femmes qui le font ». W
David Prochasson
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