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Cave de Tain-l’Hermitage : In vino voluptas...

Messagepar Jean-Pierre NIEUDAN » Jeu 4 Juin 2009 18:55

Premier producteur de syrah AOC en Europe et premier producteur de l’AOC Crozes-Hermitage, la Cave de Tain a dopé ses exportations grâce à dix années d’effort. Les 340 producteurs regroupés en coopérative sous la bannière Cave de Tain dévoilent les secrets de leur résistance à la crise.

Située sur la rive gauche du Rhône, entre Lyon et Valence, la colline de l’Hermitage domine l’appellation Crozes-Hermitage. Face à elle, sur la rive droite, s’étalent, en terrasses du nord au sud, les vignobles de Saint-Joseph, Cornas et Saint-Péray. Le terroir à base de granit et de moraines est le résultat d’une évolution géologique complexe qui a donné naissance à des sols très divers. Le climat, de type continental, est cependant influencé par la Méditerranée qui apporte chaleur et humidité, avec un vent du nord dominant. C’est dans ce petit coin de France, à la frontière entre la Drôme et l’Ardèche, que la Cave de Tain-l’Hermitage a assis sa réputation.

Fondée en 1933 par une centaine de viticulteurs du canton de Tain regroupés sous la présidence de Louis Gambert de Loche, la Cave de Tain vinifie à elle seule 50 % environ des AOC des Côtes du Rhône septentrionales. Outre les vins de pays (syrah rouge et rosé et marsanne), elle possède cinq appellations : AOC Crozes-Hermitage rouge et blanc, AOC Hermitage rouge et blanc, AOC Cornas (rouge), AOC Saint-Joseph rouge et blanc et AOC Saint-Péray (blanc). La Cave de Tain regroupe les domaines de l’Hermitage (22 hectares), le domaine Gambert de Loche (depuis 1967) et des parcelles dans les îlots « Vitrines » en Crozes-Hermitage, Saint-Péray et Cornas.

Aujourd’hui, la Cave de Tain regroupe 340 adhérents et produit 48 000 hectolitres de vin par an, dont 41 000 en AOC, grâce à ses 1 050 hectares de vignes, dont 940 AOC. Malgré la crise économique qui affecte fortement la filière viticole française et internationale, la Cave de Tain a réussi l’an dernier à tirer son épingle du jeu, dégageant un chiffre d’affaires de 20 millions d’euros (au 31 juillet 2008). La France demeure, et de loin, le premier marché de l’entreprise avec 70 % des ventes de bouteilles dans des circuits très diversifiés : la grande distribution (24 %), mais aussi la boutique de la Cave de Tain (13 %), les cafés-hôtels-restaurants et grossistes (12 %), les grands comptes (11 %), et les cavistes (10 %).

Toutefois, la consommation quotidienne de vin par habitant en France ne cessant de chuter depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, la Cave de Tain exporte de plus en plus : Europe (Royaume-Uni, Scandinavie…), États-Unis, Canada, Moyen-Orient (Émirats arabes unis notamment), Océanie (45 pays au total)… Comment expliquer un tel succès économique dans un contexte de crise internationale et de concurrence acharnée au sein de la filière ? « En arrivant ici, le challenge que nous devions relever était triple : améliorer la qualité en vignoble, faire évoluer la culture d’entreprise et moderniser nos techniques de vinification », explique Julie Campos, directeur général de la Cave de Tain depuis bientôt dix ans.
Le premier défi est essentiel : 60 % de la qualité du vin dépend de la qualité du fruit même. Un cahier des charges du vigneron est mis en place dès 2001 sur la base du volontariat et devient obligatoire trois ans plus tard. « Nous avons même créé, il y a deux ans, une cartographie du vignoble par GPS avec des milliers de parcelles identifiables », se souvient Julie Campos. Le deuxième défi est délicat : hormis 1992, la précédente décennie avait été faste et il semblait difficile de se persuader que le marché allait évoluer de façon négative.
Mais grâce à une bonne communication interne, les mentalités évoluent, le client et le marché sont remis au centre des préoccupations de la Cave de Tain.

La récompense survient en avril 2004 avec l’obtention de la certification ISO 9001 version 2000 par l’entreprise, signe d’une amélioration constante de la satisfaction de la clientèle et, plus récemment, au mois de janvier, de la certification BRC (British Retail Consortium). Enfin, le troisième défi est le plus ambitieux, puisqu’il nécessite de gros investissements en matériel technique : plus de 10 millions d’euros en 9 années. La Cave de Tain s’est ainsi successivement doté d’un chai de vieillissement avec 2 000 barriques de chêne, d’un chai de stockage, de bureaux panoramiques, de deux salles de dégustation (1999), de pressoirs pneumatiques, d’une chaîne d’embouteillage modernisée (2000), d’une cuverie en acier inoxydable entièrement thermorégulée et prévue pour un décuvage assisté (juin 2002)… « Environ 5 % de notre chiffre d’affaires annuel est réinvesti, et cela continuera ainsi dans les prochaines années », prédit Julie Campos.

Par ailleurs, la Cave de Tain a adopté depuis deux ans une démarche de développement durable très poussée et orientée autour de trois pôles : économique, social-sociétal et environnemental (la collecte et le recyclage systématique des déchets, la réduction de la consommation d’eau, et la construction d’une station-bac phytosanitaire…). Toutefois, le succès commercial est d’abord passé par un succès d’estime qui a permis peu à peu à la Cave de Tain d’améliorer sans cesse son image. En mars 2007, l’entreprise obtient la certification IFS (International Food Standard).
Depuis, les récompenses lors de dégustations professionnelles internationales pleuvent de toutes parts : cépage d’or pour le Syrah 2005 au 3e concours national des vins de pays 2007, médaille d’or pour le Crozes-Hermitage rouge 2006 au concours des vins d’Avignon 2008, médaille d’or pour le Saint-Joseph Esprit de Granit 2006 et médaille d’argent pour le Cornas Arènes Sauvages rouge 2005 au concours Syrah du Monde 2008, médaille d’argent pour le Cornas Arènes Sauvages 2005 et pour le Crozes-Hermitage rouge 2005 à l’International Wine Challenge 2008 qui se déroule au Royaume-Uni…

Pour répondre à une demande croissante, la Cave de Tain a inauguré le 16 mai 2007 une « Boutique Vins » à côté de son chai de vinification. Ce nouveau concept, réalisé avec l’aide de l’agence O de formes, propose au client une promenade sur le Rhône (figuré par un tracé au sol) pour aller à la rencontre des crus et pour stimuler les sens.
Enfin, le succès de la Cave de Tain tient aussi, et peut-être surtout, à la clarté de son offre déclinée en trois gammes : vins de cépage (syrah et marsanne), classique (les cinq AOC), et prestige (vins issus de sélection parcellaires et élevés pour une belle capacité de garde). Chacun peut ainsi y trouver des vins de qualité à des prix raisonnables.

Alexandre T. Analis
http://www.actu-cci.com/article/2845/
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