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[Jean-Pierre NIEUDAN]

Petite révolution dans le monde très traditionnel du champagne, la société Alcan Packaging Capsules couronne "le roi des vins" de la maison Duval-Leroy à Vertus (Marne) d'un nouveau bouchon composé d'une capsule et d'un levier d'ouverture en aluminium.
Après le bouchon à vis pour les vins tranquilles, le leader mondial de l'emballage aluminium s'attaque au marché du bouchon en liège sur le terrain des vins effervescents avec le système "Maestro", qui ajoute un dôme et un levier sur une capsule couronne.
"La capsule couronne est déjà parfaitement connue en Champagne puisqu'elle est utilisée pendant tout le vieillissement du vin", explique Bruno de Saizieu, directeur commercial d'Alcan. Le bouchon de liège et le muselet (petit fil de fer qui sert à bloquer un bouchon de liège, ndlr) ne sont posés qu'en fin de maturation du champagne, juste après le dégorgement et le dosage en liqueur.
"Nous apportons un système innovant, facile à utiliser et surtout nous conservons à l'ouverture le bruit très caractéristique de ce vin de fête", précise-t-il.
Trois ans de recherche et un million d'euros d'investissement ont été nécessaires pour mettre au point ce nouveau procédé, inauguré par la maison Duval-Leroy pour sa cuvée "Clos des Bouveries" de 30.000 bouteilles sur 3,5 hectares de chardonnay, près de Vertus dans la célèbre "côte des blancs".
"Il nous fallait trouver une alternative au bouchage liège, nous ne sommes pas à l'abri d'une catastrophe écologique comme Tchernobyl", explique Carol Duval-Leroy, PDG de la maison de champagne.
Cette dirigeante d'entreprise qui commercialise annuellement 5,5 millions de bouteilles, "belge par sa naissance et champenoise par son mariage", se revendique "traditionnelle et avant-gardiste".
"C'est le 150e anniversaire de la maison, raconte-t-elle, nous avons été les premiers à être certifiés ISO-9002, nous sommes les premiers à installer des panneaux photovoltaïques, et ce nouveau bouchon est une passerelle entre le clos qui est à la famille depuis le début et l'avenir qui appartient à mes enfants".
En Champagne, on est "novateur par tradition", aime dire Daniel Lorson, le porte-parole du Comité interprofessionnel des vins de champagne (CIVC), mais il reconnaît qu'en matière de bouchage "depuis l'invention, il y a 150 ans, du muselet (..), on n'a pratiquement rien vu de nouveau".
Selon lui, "cette innovation va faire indiscutablement bouger le monde du champagne".
Discours identique pour Thierry Casco, le président de l'Union des oenologues de France et chef de cave de la maison Pommery pour qui l'invention ne manque pas d'intérêt même s'il prédit, pour les avoir déjà expérimentées, les réticences du monde du champagne.
"Quand j'ai créé le +pop+ (petite bouteille design de 25 cl se buvant à la paille, ndlr) j'en ai pris plein la figure, les Champenois m'ont énormément critiqué", confie-t-il. Prudent, Thierry Gasco s'interroge aussi sur "l'évolution du vin avec ce procédé".
Chez les viticulteurs, la réserve est de mise : "Le bouchon en liège fait partie de la tradition", affirme Alain Oudea, récoltant-manipulant à Billy-le-Grand (Marne) qui veut toutefois "rester attentif à toute évolution signifiante".

AFP