INTERVIEW - L'ex-président de la Sorbonne, spécialiste de l'histoire du paysage français*, dirige la Société de géographie tout en poursuivant son œuvre de vulgarisation sur le vin, révélateur de civilisation.
LE FIGARO. - Loin d'être nuisible, le vin serait bienfaiteur pour l'humanité**, selon vous…
Jean-Robert PITTE. - Parce que le vin est une métaphore de la condition humaine. Depuis l'origine, l'amour du vin est lié à l'amour de la vie et de la vérité. Condamner le vin est une absurdité totale.
Que représente-t-il pour vous ?
Une parfaite illustration entre nature et culture…
Le terroir comme rempart culturel, ça fonctionne ?
Le vin de terroir est une tradition en France ! Sauf autrefois quand les vins ordinaires étaient de «coupage», comme dans les Côtes-du-Rhône et le Languedoc. Les vins de qualité expriment une forte personnalité. Un lieu précis, un cépage spécifique, une technique particulière, tout le contraire de l'uniformité de la mondialisation…
Selon vous, faut-il changer la loi Evin ?
Cette loi simplette est d'un autre âge. Elle interdit sans expliquer, sans éduquer. C'est une morale négative. Le vin est devenu une niche de puritanisme, le triomphe du politiquement correct.
Si je comprends bien, vous plaidez pour l'éducation de la jeunesse…
Boire intelligemment des quantités raisonnables de bon vin, pas forcément cher, peut les protéger durablement contre les risques de l'alcoolisme. Il faut parler de vin et le faire déguster aux jeunes français, encadré par des enseignants. Le vin est un facteur de sociabilité et d'ouverture vers l'Autre et l'Ailleurs.
* Chez Taillandier, 1983.
** Le Désir du vin, à la conquête du monde, chez Fayard, 24 €.
Claudine Abitbol
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