par Jean-Pierre NIEUDAN » Lun 13 Avr 2009 10:03
La Chine deviendra-t-elle la terre promise permettant aux viticulteurs français de trouver des débouchés et de sortir de la crise ? Seul l'avenir le dira. Mais une chose est sûre en tout cas, les producteurs du Languedoc-Roussillon jouent la carte de l'empire du milieu à fond et s'appuient pour cela sur la maison de la Région à Shanghai, chapeautée par Sud de France export.
Fin mars, une opération de promotion d'envergure a d'ailleurs été mise en place à Chengdu pour mettre en avant cette marque ombrelle. Pour les sceptiques qui s'interrogent encore sur le bien fondé des maisons de la Région à l'étranger, les chiffres parlent d'eux-mêmes. A Shanghai, grâce à son portefeuille d'importateurs (une centaine au total), cette structure , véritable point d'appui et de promotion pour les entrepreneurs et acteurs économiques régionaux, a permis une mise en relation débouchant sur l'exportation de plusieurs centaines de containers, l'an passé. Soit près de 5 millions de bouteilles ! Et si le marché s'orientait ces deux dernières années sur des vins d'entrée de gamme autour de 1,5 € (65 % du marché), un reversement de tendance s'est opéré au profit de vins compris entre 3 et 6 € avec un très bon positionnement des AOC (appellation d'origine contrôlée). Une nouvelle donne qui n'a, bien évidemment, pas échappé à Axel de Woillemont, directeur général du CIVL (Conseil interprofessionnel des vins du Languedoc), impatient d'affirmer sa position conquérante sur le marché émergent.
Les 19 et 20 mars, afin d'internationaliser le lancement du nouveau millésime 2008 AOC Languedoc Sud de France, deux dégustations ont donc été organisées à Shanghai. Une opération séduction destinée à une cible de professionnels, dont une cinquantaine d'importateurs et de distributeurs qualifiés, à laquelle est venu se greffer le groupe de presse chinois Betty's Kitchen désireux de dupliquer l'événement dans ses locaux du Shanghai marina club. Son objectif : faire découvrir l'univers du vin à ses réseaux... Un bon point pour les viticulteurs languedociens.
« En Chine nous sommes très friands des bons vins, surtout s'ils viennent de France, confiait une quadragénaire shanghaïenne en sirotant la cuvée mythique rosée du groupe Val d'Orbieu. Ici, le vin est un produit de luxe, pour l'heure réservé à une certaine caste. Financièrement, si on veut de la qualité, les vins sont encore très chers, mais on espère que dans le futur, les prix seront revus à la baiss e. Et si la référence reste le Bordeaux, je pense que ce type de produit, beaucoup plus abordable sur le plan financier, a de quoi faire son trou sur le marché chinois. » Une faille dans laquelle s'est engouffré généreusement Axel de Woillemont lorsqu'il a, à deux reprises, vanté les qualités organoleptiques des vins régionaux, en mettant en exergue leur diversité, leur histoire et surtout un rapport qualité / prix incomparable en France. « Un millésime rare et gourmand. » Reste à espérer maintenant qu'il enivrera le coeur des importateurs chinois.
De Chine, Laurent VERMOREL
La vérité est dans la bouteille ..( Lao Tseu )