Des vignerons militent pour la reconnaissance de leurs terroirs, capables de produire de grands vins.
Vendus quelques euros, au prix des cuvées basiques de beaucoup d'autres vignobles, les muscadets peuvent pourtant être des vins blancs complexes et racés, d'une impressionnante capacité de garde. Elaborés à partir d'un unique cépage, le melon de Bourgogne, ils sont, depuis les années 70, élevés « sur lie ». Une couche de lies fines, résidus des vinifications composés de pulpes et de levures, qui se dépose au fond des cuves ou des fûts. Le vin y puise gras, onctuosité, richesse aromatique et une exceptionnelle capacité de vieillissement.
Lors de notre dernière visite, nous avons dégusté des vins élevés ainsi jusqu'à trois ans et plus, savoureux, d'une grande complexité et d'une étonnante jeunesse de fruit. Tous les grands vignerons de l'appellation proposent ce type de cuvées. « Le problème, c'est leur valorisation. Si on élève les vins au-delà du mois de novembre de l'année qui suit la vendange, on perd l'appellation "sur lie", c'est un paradoxe », relève Hervé Choblet, vigneron avec son frère Nicolas au Domaine du Haut-Bourg. « Ça commence à bouger, la grande restauration joue le jeu, les consommateurs avisés cherchent à comprendre, mais, si on veut précipiter les choses, la seule vraie solution, c'est la création de crus ! » Les vignerons y travaillent. Ils ont identifié les zones susceptibles de constituer ces futurs terroirs, tels les schistes de Goulaine, les granits de Clisson ou de Monnières-Saint-Fiacre. A l'exemple de Véronique Günther-Chéreau, du Château du Coing-de-Saint-Fiacre, qui propose des cuvées en fonction de ses sols : « Je n'assemble rien, tous mes vins correspondent à des parcelles. A travers eux, on lit l'histoire du domaine et on comprend toutes les facettes de nos terroirs. » L'étape suivante passe par la reconnaissance de la démarche par l'Inao. Une gageure.
L'ambiance du moment est plus à simplifier les appellations dans le sens des réglementations européennes qu'à ajouter des niveaux de classement. « Notre force repose sur l'extrême diversité de nos terroirs, commente Hervé Choblet. Potentiellement on peut envisager 8 ou 9 crus. Et puis il faut poser sereinement le problème : sans cet effet pyramidal de classement, comment créer un effet de gamme et des prix de vente en conséquence ? »
Olivier Bompas
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Sélection
Millésime 2007
18 Château du Coing-de-Saint-Fiacre 02.40.54.85.24.
Riche, note d'ananas confit, très mûr, savoureux, tendre, harmonieux, long, suave, séduisant. 6 E.
17 Domaine Le Fay-d'Homme 02.40.54.62.06.
Clos de la Févrie. Très joli fruit, cédrat, onctueux, minéral, vif, dans un style tonique. 5 E.
17 Domaine Pierre Luneau-Papin 02.40.06.45.27.
Le L d'Or. Riche, gourmand, tendre, séduisant, coing, mentholé, séveux. 7 E.
16 Domaine de la Quilla 02.40.54.88.96.
Nez fin, mentholé, pamplemousse, savoureux, minéral, fondu, joli potentiel, note d'amertume. 4,40 E.
17 Château de la Ragotière 02.40.33.60.56.
Vieilles Vignes. Riche, profond, floral, agrumes, amande amère, cire, fruits jaunes confits, beau potentiel. 4,70 E.
15 Domaine Les Hautes-Noëlles 02.40.31.53.49.
Côtes-de-Grandlieu. Les Moineries. Net, fruits blancs, bien frais, minéral, suave, pointe d'amertume. 12,50 E.
15 La Chauvinière 02.40.06.51.90.
Clos Les Montys. Complexe, amande amère, savoureux, charnu, pureté de fruit, long sur la poire et le litchi. 6,90 E.
Autres millésimes
16 Domaine Michel David 02.40.36.42.88.
Schistes de Goulaine 2005. Riche, fruits blancs confits, vanille, note grillée, très onctueux, harmonieux. 7 E.
18 Domaine de la Tourlaudière 02.40.36.24.86.
Schistes de Goulaine 2003. Très riche, complet, mentholé, beaucoup de chair, gras, fruité très pur, fraîcheur minérale. 7,40 E.
16 Domaine du Haut-Bourg 02.40.65.47.69.
Côtes-de-Grandlieu 2000. Nez très frais, agrumes confits, fruits secs, charnu, onctueux, profond. 5,30 E.
15 Domaine des Herbauges 02.40.65.44.92.
Cotes-de-Grandlieu 2000. Le Légendaire. Nez confit, fruits secs, amande, ananas, onctueux, équilibré, long, minéral. 6,85 E.