Index du forum ‹ Les rubriques ‹ Histoire du vin et de la vigne... découvrir le vin, l'aborder, s'informer ‹ Histoire de vin

[Jean-Pierre NIEUDAN]

Selon une étude franco-américaine, les campagnes contre les risques liés à l’abus d’alcool auraient contribué à détourner les jeunes adultes du vin. D’autres raisons au faible intérêt des jeunes pour le vin sont aussi avancées, comme la difficulté à choisir une bouteille ou l’image d’un produit cher.

“Pourquoi les jeunes adultes âgés de 21 à 31 ans ne boivent-ils pas de vin ?” Une étude récente menée par Liz Thach, professeur en management et industrie du vin à l’université de Sonoma en Californie et François d’Hauteville, professeur de marketing à Supagro de Montpellier, apporte des éléments de réponse à cette question lancinante grâce à de nombreux entretiens approfondis avec des jeunes adultes français.

Un fort point de vue “anti-alcool”

Contrairement à ce que l’on pourrait penser, les jeunes adultes manifestent un fort point de vue “anti-alcool”, selon les chercheurs. Ceux-ci rappellent les multiples campagnes gouvernementales dans les médias contre l’abus d’alcool, le renforcement de la répression contre l’alcool au volant, les messages sanitaires sur les bouteilles. “Cet effort est à saluer pour son succès, indiquent Liz Thach et François d’Hauteville. Mais l’impact sur la consommation de vin a été particulièrement fort. A présent, beaucoup de jeunes adultes disent préférer boire une bière ou un cocktail dans une discothèque ou un bar. Un interviewé a déclaré ‘la bière est moins alcoolisée que le vin, donc j’ai l’habitude d’en boire en boîte’”.


Les chercheurs évoquent aussi d’autres raisons au faible intérêt des jeunes pour le vin. Comme de précédentes études l’ont montré, le vin a tendance à être vu par les jeunes adultes comme une boisson pour personnes d’âge mûr. “La plupart des jeunes adultes interviewés reconnaissent que le vin est un élément de la culture et de la tradition française, mais disent que c’est une boisson pour des personnes plus âgées qu’eux. Ils boivent cependant un verre de vin une à trois fois par mois en famille lors d’un repas”.


Le vin est également considéré comme cher. “Le bon vin est simplement trop cher, surtout dans les restaurants, a déclaré une des personnes interrogées. Dans les discothèques et les bars, vous ne voyez pas de vin, juste de la bière et des cocktails. Si du vin est proposé, il n’est pas cher et mauvais”.
Autre grief fait au vin : celui d’être “déroutant”. “C’est vraiment frustrant d’acheter du vin en France. Si je trouve un vin que j’aime provenant de telle région et si j’en achète à nouveau de cette même région, il n’a souvent pas le même goût”, commente un jeune homme interviewé. “Il y a tant de noms et de régions en rayon et je ne sais pas quels goûts ont ces vins”, observe un autre. “Ce serait bien d’avoir des marques claires avec des goûts plus constants”, avance encore un autre participant.

Le vin vu comme “convivial” et “naturel”

Beaucoup de jeunes adultes interviewés par Liz Thach et François d’Hauteville expliquent aussi, tout simplement, qu’ils n’aiment pas le vin. “Plus de la moitié des jeunes interrogés reconnaissent qu’ils n’apprécient pas le goût du vin. En fait, quand ils en boivent, la plupart disent préférer les vins blancs et sucrés comme le muscat, le sauternes, le moelleux. Autrefois, les enfants en France étaient initiés au vin par leur parents à table avec un peu de vin dans un verre d’eau. Cette pratique a cessé et beaucoup de jeunes ne goûtent au vin que bien plus tard, alors qu’ils ont pour références les sodas et les jus de fruits,” expliquent les chercheurs.

Pour Liz Thach et François d’Hauteville, il est temps pour la France d’entrer “dans une phase d’éducation et de sensibilisation des gens à la consommation de vin de façon responsable”. D’autant que la cause du vin n’est pas perdue chez les jeunes adultes : d’après l’étude, le vin est vu comme une boisson “naturelle” et “créant une atmosphère conviviale en famille ou entre amis”. Et certains interviewés suggèrent de développer l’initiation au vin dans les écoles et universités.

Ingrid Proust/Ligérienne de presse

Source : http://www.viti-net.fr