Index du forum Les rubriques Histoire du vin et de la vigne... découvrir le vin, l'aborder, s'informer Histoire de vin

De tout et de rien, du moment que ça parle de vin.

En Médoc, la nouvelle vie des crus bourgeois

Messagepar Jean-Pierre NIEUDAN » Mar 17 Fév 2009 19:44

Deux ans après l'annulation du classement, la notion valorisante « cru bourgeois » va revivre via une dégustation annuelle contrôlée par Veritas. Une première

Les crus bourgeois du Médoc devraient sortir la tête de l'eau, du moins sur le plan réglementaire. En effet, sauf contretemps de dernière minute, le cahier des charges pour faire vivre dans le futur cette mention valorisante est quasiment ficelé. C'était ça ou la banalisation du terme, voir sa disparition en tant que signe distinctif qualitatif.

Rappelons en effet que le classement des crus bourgeois du Médoc, datant de juin 2003, a été annulé par la cour administrative d'appel de Bordeaux il y a juste deux ans, le 27 février 2007. Et ce, après la saisine de la justice par plusieurs propriétaires non retenus et notamment mécontents du mode opératoire utilisé par le jury.

Contrairement au cas saint-émilionnais , où le devenir du classement est encore devant les tribunaux, dans le Médoc, celui des crus bourgeois n'existe plus. Comment continuer alors à asseoir réglementairement cette mention, sachant que l'hypothèse de refaire un classement a été pour l'instant écartée ?

Les châteaux audités

En fait, le nouveau cahier des charges devait entrer en vigueur ces prochaines semaines avec la mise sur le marché du millésime 2007. Mais finalement, en attente de nouvelles dispositions européennes sur l'utilisation des mentions valorisantes pour les vins, l'échéance est repoussée à la commercialisation du millésime 2008. Comme le 2006, le 2007 pourra être mis sur le marché, à titre exceptionnel, avec la mention cru bourgeois. Et ce, sans véritable base juridique mais avec l'accord de la Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes.

« Dans un premier temps, avec le nouveau cahier des charges, les propriétés candidates des huit AOC médocaines (1) devront formuler une demande d'éligibilité. Les agents du Bureau Veritas, avec qui nous travaillons, passeront dans toutes les propriétés », explique Frédérique de Lamothe, directrice de l'Alliance. Cette structure syndicale rassemble à ce jour 320 crus bourgeois du Médoc, sachant que le classement de 2003 avait retenu 247 propriétés sur 491 dossiers déposés.

« Les dossiers seront téléchargeables sur notre site et les visites pourront débuter dès ce mois d'avril, et ce jusqu'en décembre », rappelle celle qui lutte depuis deux ans, avec son équipe, pour trouver une porte de sortie à la grave crise de 2007.

L'enjeu est d'importance : que le consommateur, français ou étranger, garde confiance dans le niveau qualitatif de cette mention. Qu'elle corresponde à un vrai « plus », ce qui n'était plus toujours le cas dans les années 1990. D'où l'idée de construire un premier classement officiel : celui de 2003 (valable pour dix ans), avec l'échec que l'on sait.

Remise en jeu tous les ans

C'est un jury composé de dégustateurs indépendants et formés qui dégustera les vins en lice. Les prélèvements auront lieu en février 2010 et les dégustations dans la foulée. Les producteurs candidats à la « reconnaissance cru bourgeois » (c'est le nouveau terme officiel) auront préalablement réglé des cotisations échelonnées entre 1 000 et 1 500 ? HT suivant les cas.

Pour chaque millésime, un vin « étalon » servira de base aux jurys. Sachant que la dégustation est un art difficile et parfois subjectif, il fixera le niveau qualitatif en dessous duquel on ne peut prétendre à être cru bourgeois. Pour roder la formule, des séances de travail ont d'ailleurs lieu en ce moment à Pauillac sur le millésime 2007.

La mention cru bourgeois sera donc remise en jeu tous les ans et ce avec un luxe de détails dans toutes les procédures. Le cahier des charges et le plan de vérification totalisent des dizaines de pages : des surfaces minimales aux caractéristiques des cuviers, de la présentation de la propriété au prélèvement des échantillons, de l'organisation des dégustations à l'étiquetage...

Il s'agit de « verrouiller » au maximum le process, au cas où, demain, des propriétaires mécontents attaqueraient en justice... Rien n'est à exclure, tout en sachant que dorénavant la mention relève plutôt du droit privé. Un sacré glissement juridique quand on sait que le système français des appellations (et des classements, pour ce qui est du Bordelais) relève du droit public. Il faut dire aussi que peu d'instances officielles étaient candidates pour reprendre ce dossier miné (c'est le ministère de l'Agriculture qui avait organisé le classement de 2003). Par précaution, la marque cru bourgeois a également été déposée en 2008 à l'Institut national de la propriété industrielle (Inpi).

Asseoir une crédibilité

Pour asseoir une crédibilité et confirmer les crus bourgeois dans l'élite médocaine (avec bien sûr les propriétés retenues dans le classement de 1855), c'est donc le Bureau Veritas, organisme de contrôle indépendant de réputation mondiale, qui arrive dans le monde du vin. Une première qui pourrait en appeler d'autres sachant que la viticulture mène depuis juillet une réforme profonde de ses modes de contrôle. La voie choisie par les crus bourgeois du Médoc et le travail de Veritas seront donc auscultés à la loupe dans les prochains mois...

Du côté du Blayais, où il existe aussi une douzaine de crus bourgeois, et du Sauternais, où on veut relancer cette mention, il faudra aussi se positionner.

(1) AOC Médoc, Haut-Médoc, Margaux, Moulis, Listrac, Saint-Julien, Pauillac et Saint-Estèphe.

http://www.sudouest.com
La vérité est dans la bouteille ..( Lao Tseu )
Avatar de l’utilisateur
Jean-Pierre NIEUDAN
 
Messages: 9664
Inscrit le: Mer 24 Oct 2007 10:23
Localisation: Hautes Pyrénées

Retour vers Histoire de vin

Qui est en ligne ?

Utilisateur(s) parcourant ce forum : Aucun utilisateur inscrit and 4 invités