42 appellations et vins de pays de la région réunis en interprofession. Une première en France
Quel est, selon vous, le trait commun entre un vigneron des côtes de Millau repéré depuis le viaduc, un éleveur de pacherenc sur les hauteurs de Viella-en-Madiran et un producteur d'irouléguy à Saint-Etienne de Baïgorry ? Si vous pensez au béret, vous n'y êtes pas du tout. Les uns aiment le porter en pointe, les autres sur l'occiput... Non, désormais, ils appartiennent tous à la grande famille des vins du Sud-Ouest.
La semaine dernière est officiellement tombé le décret qui fixe les règles de leur interprofession. « C'est une première en France, se réjouit Paul Fabre, directeur de cette nouvelle entité. Le Conseil supérieur d'orientation de l'agriculture, présidé par Michel Barnier, a autorisé la réunion de vins d'appellation et de vins de pays ».
Voilà donc une nouvelle force de frappe dans la région avec quelque 5 000 adhérents. Bien que prise en sandwich entre les géants Languedoc-Roussillon et Bordeaux, l'interprofession Vins du Sud-Ouest se dote de moyens qui doivent lui permettre de batailler sur un marché mondial de plus en plus tendu.
Un riche panel
Qui dit 5 000 adhérents dit un panel très riche (voir par ailleurs) de vins, mais aussi une diversité constituée de vignerons indépendants, de valeurs sûres sur le marché (Tarriquet en Côte-de-Gascogne, Brumont en Madiran) mais aussi de coopératives et groupes solides à l'instar de Plaimont et Vinovali en cours de création autour des vins de Fronton, Rabastens, Técou et Côte d'Olt, sur le modèle du groupe gersois.
Comme toute interprofession, celle des Vins du Sud-Ouest déclinera des missions réglementaires mais aussi de régulation des marchés. « Ainsi pourrons-nous mettre des vins en réserve si la situation du marché l'impose », prévient Paul Fabre. Interprofession rime également avec moyens financiers beaucoup plus conséquents que ceux dont disposait jusqu'alors l'association qui vient de porter sur les fonts baptismaux la nouvelle structure.
Les cotisations volontaires obligatoires -c'est ainsi qu'elles sont dénommées !- de quelque 5 000 adhérents auxquelles on ajoute des aides publiques, celle du Conseil régional Midi-Pyrénées à hauteur de 800 000 euros pour 2009 ou celle de l'Europe (400 000 euros) doivent permettre de tabler sur un budget de l'ordre de 3 millions d'euros. De quoi envisager les premières actions.
D'abord l'export
Avec le soutien d'un cabinet et les conseils de Philippe Verdier, ancien directeur marketing du Côte-du-Rhône, les Vins du Sud-Ouest travaillent à l'élaboration d'une stratégie de segmentation et de marketing. « Il faut faire cohabiter toutes les composantes de l'interprofession, glisse le directeur qui imagine trois à quatre mois nécessaires pour mettre en musique cette nouvelle union.
Mais d'ores et déjà des actions sont lancées, à l'export notamment. Allemagne et Angleterre, puis très vite Canada, États-Unis et Suisse seront la cible des Vins du Sud-Ouest. La France n'est pas oubliée, via les cavistes et la grande distribution dans laquelle il faut « baliser les vins du Sud-Ouest ». Enfin, un événement capable d'offrir une vitrine aux Vins du Sud-Ouest est à l'étude à Toulouse.
Le début d'une nouvelle aventure pour les vignerons de la grande région.
http://www.sudouest.com