Bernard Magrez, le roi des grands crus, à la vitesse supérieure
Le bordelais globe-trotteur, inséparable de son Falcon 50, vous reçoit au Plaza où il pose ses valises deux jours par semaine, couvant du regard un dossier qu'il garde secret… Un important dossier d'acquisition «qui l'a empêché de dormir», confie-t-il, plaÂcide et pétillant à la fois. Car, à 70 ans passés, Bernard Magrez n'a rien perdu de son enthousiasme, ni de son esprit conquérant. Il vient d'ajouter à son petit empire vinicole (château Pape Clément, Fombrauge, La Tour Carnet…) un vignoble de 7 hectares au Portugal et, conformément à sa philosophie («être dans les 15 meilleurs vins de chaque pays»), entend en faire « un vin de haute qualité ».
«Nous sommes les seuls dans le monde à avoir 35 vignobles, et stratégiquement très différents », se satisfait cet esthète, collectionneur de terroirs originaux aux quatre coins du monde. Pas de quoi s'en contenter toutefois. «Ma prochaine opération, ce sera quelque chose de gros, ou rien !» Pour lui, la crise constitue une opportunité, car les institutionnels vont être poussés à réaliser des actifs. «Il y aura de très grosses ventes.» Bernard Magrez regarderait-il le dossier du très convoité château Lascombe,2e grand cru classé de margaux dont Sébastien Bazin, le patron du fonds propriétaire Colony Capital, chercherait à se désengager ? Il y a quelques années, il avait déjà approché François Pinault pour racheter château Latour…
Pour mettre la main sur l'une de ses pépites, le roi des grands crus est prêt à ouvrir le capital de Bernard Magrez Grand Vignoble à des banquiers, «qui croient en lui, et à sa capacité à valoriser un actif». Mais guère à plus de 10 %, car ce «malade de l'exigence», père de deux enfants (tous deux dans l'entreprise), se dit «pas associable». Ex-cancre à l'école, l'ami de Gérard Depardieu, qui a fait de son propre nom la «signature» de tous ses vins, a pris le virage du luxe après avoir vendu il y a quatre ans sa marque Malesan à Castel et ses spiritueux William Peters à Marie Brizard. Lancée aussi désormais dans l'œnotourisme de luxe, son entreprise (50 millions d'euros de chiffre d'affaires) est aujourd'hui valorisée 500 millions d'euros.
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