Secteur après secteur, on commence à comptabiliser les dégâts causés par la crise économique mondiale dans notre région depuis des mois. Hier, lors de l'assemblée générale du Conseil interprofessionnel du vin de Bordeaux (CIVB), structure réunissant producteurs et négociants, cela s'est vite matérialisé en monnaie sonnante et trébuchante.
Alors que les sorties de vin étaient budgétées à hauteur de 5,5 millions d'hectolitres sur l'année 2008, le chiffre réel attendu sera plutôt de 5,1 millions. Sachant que les professionnels règlent des cotisations obligatoires en fonction des volumes commercialisés, les ressources du CIVB seront mécaniquement amputées de 2 millions d'euros sur le budget 2009 ! Elles se monteront tout de même à 29,5 millions, ce qui en fait (en y ajoutant quelques recettes diverses complémentaires), l'interprofession la plus puissante de France.
En fait, depuis la rentrée de septembre, les transactions entre production et négoce sont quasiment en encéphalogramme plat. Dans la plupart des pays consommateurs, la demande tousse et l'achat de vin passe au second plan. Nombre de circuits de vente (cela vaut aussi pour le cognac) sont engorgés de stocks. La priorité est de les écouler avant de passer d'éventuelles nouvelles commandes. De plus, en France, les foires aux vins d'automne n'ont pas marché et les bouteilles se retrouvent en cette fin d'année sur les linéaires.
"Mais nous maintiendrons nos dépenses de promotion au niveau de 2008 car ce n'est pas le moment de baisser la garde " , a prévenu Alain Vironneau, viticulteur en Nord-Gironde et président du CIVB. Plus de 21 millions d'euros seront ainsi investis dans le monde pour promouvoir le vin de Bordeaux ; ce qui représente de loin la dépense prioritaire de l'interprofession.
En fait, la structure puisera dans ses substantielles réserves financières pour équilibrer un budget 2009 déficitaire. Fin 2009, ces réserves représenteront encore près de 14 millions d'euros. De quoi « voir venir », mais cela ne doit pas « empêcher une réflexion stratégique générale », a commenté le représentant de l'État à la réunion.
En effet, de plus en plus de professionnels ont du mal à payer leurs cotisations et 1 million d'euros sont mêmes provisionnés à la ligne « créances douteuses ». Ira-t-on vers une baisse des cotisations comme le demande, par exemple, le négoce dans l'interprofession voisine du Val de Loire ?
Pour l'instant, le sujet n'est pas à l'ordre du jour, même si de grosses difficultés financières gagnent certains villages viticoles du Bordelais.
Auteur : César Compadre
c.compadre@sudouest.com