Index du forum ‹ Les rubriques ‹ Histoire du vin et de la vigne... découvrir le vin, l'aborder, s'informer ‹ Histoire de vin ‹ Presse du vin

[Jean-Pierre NIEUDAN]

Danseuse de luxe chez les grands du Médoc ou complément pour les sauternes, le sec est tendance

Chez certains, le blanc est naturel. Pas dans le Médoc. Même si, autrefois, on a pu y cultiver des raisins blancs à des fins commerciales, les crus classés sont rouges, point final. Le vin blanc que l'on y produit relève de l'anecdote, du caprice d'auteur ou du joujou pour le propriétaire ou le personnel. Ce n'est pas pour autant que l'on en fait cadeau aux clients... Le plus emblématique de cette tendance est un vin "qui n'existe pas", selon la définition de Michel Onfray, amoureux transi de ce Palmer blanc. Produit en toute petite quantité, il n'est pas commercialisé et ne possède même pas d'étiquette. On murmure qu'il pourrait prochainement bénéficier à une oeuvre caritative au cours d'une vente publique. Un assemblage détonant de cépages classiques - muscadelle, sauvignon gris - et d'inédits - merlot blanc et lauzet.

Un rescapé des massacres du phylloxéra, autrefois présent dans le Sauternais mais aujourd'hui pratiquement disparu : "J'aime la présence au monde de ce vin qui n'existe pas et qui, de ce fait, n'a rien à prouver à personne", commente Onfray. Sinon, que dire sans fâcher personne ? Peut-être qu'après cette dégustation nous comprenons mieux pourquoi le destin médocain est principalement de produire du vin rouge... Beaucoup de ces blancs fleurent davantage le chêne de la barrique neuve que l'essence du terroir. On devine l'application, une certaine implication même, des moyens suffisants. Tout cela ne confère pas une âme.

Pour les crus classés en sauternes, c'est une autre histoire. Le blanc sec ou presque (sauvignon et sémillon pour l'essentiel) constitue quasiment un acte obligatoire et participe à la trésorerie des entreprises. Le grand liquoreux s'élabore à partir de raisins atteints de pourriture noble, ce qui n'est pas une insulte de sans-culotte, mais l'état dans lequel on doit les ramasser grain par grain afin d'obtenir ce miel de vin. Lorsqu'ils sont justes dorés, mûrs à point, ils ne peuvent en effet, vinifiés à part, que donner un excellent blanc sec. On y retrouve l'esprit des graves, puisque nous sommes sur les mêmes terroirs, un grain de soleil en plus. Voici donc ceux que nous avons retenus. Les meilleurs ne sont pas les plus chers, bien au contraire !

Jacques Dupont

Pour voir la sélection de Jacques Dupont : http://www.lepoint.fr/vin/les-blancs-se ... 047_46.php