Index du forum Les rubriques Histoire du vin et de la vigne... découvrir le vin, l'aborder, s'informer Histoire de vin Presse du vin

Retrouvez les articles parlant de vin...

Loire 2011, le millésime frayeur

Messagepar Jean-Pierre NIEUDAN » Mar 6 Mars 2012 18:32

Rencontre au Salon des vins de Loire d'Angers avec les vignerons qui confient leurs inquiétudes face à une météo fantasque en 2011.

C'est curieux comme les vignerons de la Loire racontent toujours mieux les années périlleuses que celles où tout fut facile. Sans doute est-ce une habitude presque millénaire, dans ces régions septentrionales où la nature offre peu de cadeaux à la vigne et à ceux qui la cultivent, d'en mieux connaître tous les pièges. En 2011, elle, la nature, a joué au paradoxe : été sec, trop même, et pluie abondante, trop même, en fin de parcours. La parole est à Pierre Gauthier, vigneron à Bourgueil : "À la première pluie, fin août, on a dit : c'est bien, mais elle arrive un peu tard. La seconde, on n'en avait pas besoin et à la troisième on a cru que la récolte nous filait entre les mains..." La bonne pluie, c'est celle de la mi-août qui redonne à la vigne un peu d'énergie pour permettre aux raisins de bien mûrir. En septembre, sur les sols les plus secs, les sables notamment, il est parfois trop tard : la plante s'est mise en position pause, on sauve l'essentiel, le cep lui-même, et tant pis pour les fruits... Et l'eau, quand elle arrive, ne fait que déclencher des foyers de pourriture. Noël Pinguet, au domaine Huet, à Vouvray : "On a trié pour faire du sec. On a eu 30 millimètres de pluie fin août et autant début septembre. On voyait la perspective de la pourriture arriver. À partir du 8 septembre, on a pris des bacs et on a trié. Dans l'un, on plaçait les raisins sains et mûrs ; dans l'autre, ce qui ne nous plaisait pas. Autrefois, on était rodés à trier pour faire des liquoreux, et maintenant on trie pour faire des secs, car c'est de plus en plus ce que veulent ceux qui aiment nos blancs."

Puis, comme le disait la comtesse de Ségur : après la pluie, le beau temps. Il s'est installé et a perduré. Pour tous ceux qui possédaient des sols avec des réserves hydriques, des argiles, du calcaire capables de supporter la période sèche, ce fut le soulagement. À condition d'avoir bien préparé la vigne. "C'est une année de fruits : cerise, fraise, poire, pomme, tout était en abondance. Il fallait donc faire tomber du raisin en juillet et août", dit Yannick Amirault, de Saint-Nicolas-de-Bourgueil. Sinon, là aussi, blocage : "Le fait de maîtriser les rendements nous a aidés, on a coupé des grappes là où il y avait des risques de pourriture", confirme Régis Neau (domaine de Nerleux).

Aventuriers

Mais la Loire, ce n'est pas que la météo. Elle nous réserve encore quelques belles rencontres et surprises. Xavier et Clémence Weisskopf, à Amboise : "Nous sommes arrivés en 2005. Avant, j'étais maître de chai au domaine Saint-Côme, à Gigondas. Je suis originaire de l'Oise. Je ne savais pas trop ce que je voulais faire. J'ai suivi ce que disaient les parents. Ils m'ont inscrit à la Brosse, une école agricole dans l'Yonne, tout près de Chablis. Je suis arrivé le lundi et le soir j'étais dans les caves. Le mardi, j'achetais du vin avec l'argent de poche que j'avais pour un mois ! Ah, la Saint-Vincent à Chablis ! " Les vignes étant évidemment trop chères en Bourgogne, "j'ai cherché dans le coin et j'ai visité de très belles parcelles en 2004 avec de vieilles vignes en sélection massale". Angélique produit du chinon sur six hectares : "Je suis la fille de Pierre et Jacqueline Léon, mes parents faisaient peu de bouteilles. J'ai repris il y a dix ans. Je suis passée par l'horticulture et la production de semences, puis j'ai repris une école d'ingénieurs agro. On ne produit qu'une seule cuvée et pas d'élevage en bois. On travaille les sols, on vendange à la main. Passer en bio me tente, mais je ne sais pas comment je pourrais gérer la partie traitement."

Pour compléter le lot, il faut aussi les fous qui ont tout balancé derrière eux - travail, logement - pour se lancer à l'aventure. Dans le rôle, Élisabeth et Benoît Jardin, qui ont créé le domaine des Maisons-Rouges : "Je travaillais dans l'industrie, l'informatique surtout, et ma femme était enseignante. On était ensemble au lycée de Flers, dans l'Orne. Pour revenir à la terre, on a découvert le vin. C'était un peu un ovni. Nous, en bons Normands, on était cidre et calvados. On est allés se former au lycée viticole de Blanquefort, puis avec des stages." Benoît effectue le sien en Champagne et Élisabeth à Jasnières, le seul vignoble de la Sarthe, avec les coteaux-du-loir qui l'entourent. Jasnières en blanc, cépage chenin, méconnu mais très grand vin, et coteaux-du-loir en blanc et surtout en rouge, à partir du cépage pineau d'Aunis. "Les vignerons chez qui elle était en stage nous ont trouvé des vignes et on s'est lancés." Ils travaillent aujourd'hui leurs sept hectares (avec un potentiel de 11 hectares) en biodynamie et pratiquent pour les rouges des extractions très légères : "On a compris que pour valoriser les saveurs si particulières du pineau d'Aunis il fallait y aller en douceur. "Lors d'une rencontre entre vignerons en bio, Aubert de Villaine, de la Romanée-Conti, a beaucoup apprécié leur vin. Consécration.

Par Jacques Dupont
http://www.lepoint.fr/vin/loire-2011-le ... 658_46.php
La vérité est dans la bouteille ..( Lao Tseu )
Avatar de l’utilisateur
Jean-Pierre NIEUDAN
 
Messages: 9664
Inscrit le: Mer 24 Oct 2007 10:23
Localisation: Hautes Pyrénées

Retour vers Presse du vin

Qui est en ligne ?

Utilisateur(s) parcourant ce forum : Aucun utilisateur inscrit et 1 invité