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[Jean-Pierre NIEUDAN]

Le monde du vin s'est rassemblé pour les obsèques du grand œnologue.

Parmi les nombreuses personnes venues entourer la famille de Pascal Ribéreau-Gayon hier matin en l'église Notre-Dame, on reconnaissait de nombreux représentants du vin de bordeaux.

Ils sont venus saluer la mémoire du grand œnologue qui s'est éteint dans la nuit de dimanche à lundi à l'âge de 80 ans.

La faculté d'œnologie a perdu à cette occasion celui qui en était son doyen honoraire. C'est lui en effet qui avait donné en 1995 sa dimension universitaire à l'institut d'œnologie que son père avait contribué à créer.

Mais Pascal Ribéreau-Gayon était aussi un auteur prolixe dont les livres font référence - dont plusieurs traités d'œnologie et son « Histoire de l'œnologie à Bordeaux », qui vient de paraître aux éditions Dunod.

Il était aussi jusqu'à une période très récente un homme de terrain. Il suivait notamment de très près le destin de plusieurs propriétés dont le Domaine de Chevalier, auprès d'Olivier Bernard, et le château Smith Haut-Lafitte. « Il nous avait été présenté par Émile Penaud (1), qui s'occupait alors de la propriété que nous venions d'acquérir, se souvient Florence Cathiard. Lors de la gelée du 21 avril 1991 qui a détruit la récolte, il est arrivé tout de suite. On était effondré, vu le prix que nous venions de payer le château. "Vous oublierez, nous a-t-il dit, c'est un grand terroir." Ça nous a remonté le moral. Ensuite et jusqu'à il y a deux ans, il a été de tous les assemblages. C'était quelqu'un d'extraordinaire, il était la mémoire du bordeaux. Avec Peynaud, il a été le grand sorcier de l'œnologie. »

« Un grand homme »

Michel Rolland, actuellement en déplacement aux États-Unis, salue lui aussi la mémoire de Pascal Ribéreau-Gayon, dont il a été l'élève. « Un grand universitaire, un excellent professeur et un parfait directeur de l'institut d'œnologie, dit-il. Ensuite, nous avons partagé quelques consultings. Il était toujours ouvert à la discussion. »

Stéphane Derenoncourt a lui aussi côtoyé Pascal Ribéreau-Gayon dans certaines des propriétés où il intervient. « Notamment au Domaine de Chevalier. Il était une mémoire vivante du vin et des millésimes. Lorsqu'on goûtait, il lui venait tout de suite une référence. Il avait des convictions très fortes, nourries par son expérience. Avec parfois des positions qui ne sont pas les miennes. Il estimait que le cabernet franc ne valait rien. Mais les confrontations étaient toujours constructives. »

Pour Olivier Dauga, lui aussi œnologue de la nouvelle génération au niveau international, Pascal Ribéreau-Gayon a aussi été un maître. « Par les moments où je l'ai rencontré, par tout ce qu'il a fait pour l'œnologie, par ses écrits. C'était un très grand homme de la viticulture. »

(1) Émile Peynaud, qui a travaillé avec Pascal Ribéreau-Gayon, est considéré comme le père de l'œnologie moderne.

Jean-Pierre Tamisier
http://www.sudouest.fr/2011/05/20/l-hom ... 63-788.php