Tirer le bouchon d’une bouteille de vin n’est pas une tâche si facile contrairement à ce que l’on pourrait croire. Il faut faire preuve d’habileté et d’expérience avec certaines bouteilles de vin.
Au cours d’un repas convivial, le moment de retirer le bouchon peut rapidement virer au cauchemar ! Cette bouteille exceptionnelle que vous aviez précieusement gardée pendant 40 ans ne veut pas se séparer de son bouchon qui s’est à présent cassé en deux ! Voici donc un conseil d’œnophile pour ne pas vous retrouver dans une telle situation : en fonction de l’état du bouchon (humide ou sec), il faudra appliquer une force de 10 à 45 kg afin de tirer le bouchon. Un tire-bouchon mécanique accomplit parfaitement cette tâche. Il est donc important d’avoir différents types de tire-bouchons dans votre tiroir. Maintenant, permettez-moi de vous fournir quelques renseignements supplémentaires sur ce fameux accessoire.
Au fil de l’Histoire, les hommes ont gardé le vin d’abord dans des peaux d’animaux, puis dans des amphores et finalement dans des fûts de chêne. Ils ont, au fur et à mesure, appris à les boucher par un morceau de bois, devenu par la suite un bouchon. Pourtant, une fois ouverts, il n’était pas possible de reboucher les fûts et le vin qui n’était pas consommé se détériorait en peu de temps. Bien que le bouchon ait été utilisé à partir du Ve siècle, il est très intéressant de souligner qu’il n’a pas été utilisé pour obturer les bouteilles pendant mille ans suite à l’effondrement de l’Empire romain. J’aborderai ce sujet dans un prochain article.
La fermeture des bouteilles par des bouchons coniques et avec de la cire, a eu lieu au début du XVIIe siècle. On retrouve ce genre de bouteille avec le « Grand Marnier » et « Drambuie ». Ainsi ressent-on toute la nostalgie de cette époque.
Le rendez-vous de la bouteille avec le bouchon, matériel ne donnant ni couleur ni odeur, hermétique à l’eau et à l’air et qui résiste aux années et aux activités chimiques, a été un tournant extraordinaire dans l’histoire du vin. Deux grandes évolutions ont eu lieu simultanément au XVIIIe siècle. Sans connaître exactement quelle en fût la cause ou la conséquence, une chose est sûre c’est que le commerce international a encouragé ces deux évolutions. Une fois que l’on a commencé à fabriquer les bouteilles à goulot cylindrique dans des moules standards, il a alors été possible de les stocker horizontalement dans des colis. Et pour que le vin ne coule pas, des bouchons cylindriques ont été insérés dans leurs goulots. Pour faciliter leur extraction, divers modèles de tire-bouchon ont vu le jour. Le premier à avoir breveté un tire-bouchon a été le révérend Samuel Henshall, en 1795. Depuis cette date, plus de mille brevets ont été déposés. Cet accessoire n’a cessé d’évoluer.
Actuellement, les modèles les plus répandus sont Hélix et Monopole. Le modèle Hélix a la forme d’un canif par lequel on ouvre la spirale verticalement à la manche. Le Monopole est un modèle à usage domestique ; l’anneau se pose sur le bord de la bouteille et on tire le bouchon en tournant la spirale par le haut et sans avoir besoin de faire preuve d’une force excessive. Il existe des spirales de différentes longueurs et épaisseurs. Vous devez choisir votre appareil selon le diamètre du bouchon et utiliser un tire-bouchon convenable.
Si je vous dis que les tire-bouchons les plus prestigieux sont fabriqués par les Français, je pense que personne n’en sera étonné. À Laguiole, une ville située à 280 km à l’est de Bordeaux, et réputée depuis longtemps pour ses canifs et couteaux, il est possible de trouver des centaines de types de tire-bouchon.
Alors, si vous avez tout essayé et que le bouchon est quand même tombé dans la bouteille, il ne vous reste qu’une seule chose à faire ; soit sacrifier le vin soit vous le sauvez en le filtrant par des bas en nylon jamais utilisés... Voila ! Si vous avez la volonté, les solutions et les moyens d’ouvrir, les bouteilles ne manquent pas dans les démocraties.
* Ayhan Cöner
ayhan.coner@ritz.edu
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