Index du forum ‹ Les rubriques ‹ Histoire du vin et de la vigne... découvrir le vin, l'aborder, s'informer ‹ Histoire de vin ‹ Presse du vin

[Jean-Pierre NIEUDAN]

Les vins d’Afrique du Sud prennent de plus en plus de place dans les caves des amants de bons vins, mais d’où vient cet élixir d’un continent que l’on croyait hostile au vin ?

En 1652, un groupe de soldats hollandais sont envoyés au cap de Bonne-Espérance pour y fonder un poste de ravitaillement sur la route des épices , pour la Compagnie hollandaise des Indes orientales .

Comme les conditions climatiques ressemblent à celles de la région méditerranéenne , le gouverneur de l’époque , Jan Van Riebeeck , ancien médecin , y fait planter des vignes , car dit-on, le vin prévient le scorbut .

Les premières expériences avec des cépages blancs donnent suffisamment de bons résultats pour que l’on procède à une plantation plus sérieuse . Son successeur , le gouverneur Simon Van der Stel , poursuit la plantation à son arrivée en 1679 et acquiert de vastes terres au sud-est de la ville du Cap qu’il baptise Constantia .

En 1692 , les vins de Van der Stel sont considérés au même titre que les meilleurs produits d’Europe . Les années verront plusieurs propriétaires s’arracher et morceler Constantia , mais son succès ne se dément pas auprès de la royauté européenne .

Il est le vin préféré de Napoléon qui se fait même livrer le vin de constance à Sainte-Hélène où il est exilé . Aux environs des années 1688-1690 , quelque 200 huguenots chassés de France viennent s’installer dans la région et apportent leurs connaissances œnologiques et produiront aussi des vins réputés .

Au XVIIe siècle , la colonie livre principalement des vins mutés de type porto et xérès aux Britanniques . À la fin du XIXe siècle , les épidémies de mildiou et de phylloxéra atteignent aussi la région du Cap et le début du XXe sera une période difficile un peu partout , mais particulièrement en Afrique du Sud .

Après s’être réunis en association (la KWV), en 1918, et avoir vu le gouvernement fixer les prix à partir de 1924 , les vignerons et la viticulture de la région continuent de donner des signes d’essoufflement . Ce n’est qu’en 1940 , alors que le gouvernement transfère le contrôle des vins à la KWV et légifère en matière de prix , de cépages , de rendements , de vinification et de négoce , que la viticulture reprend de la vigueur .

En 1992 , la viticulture sud-africaine connaît un nouvel essor et de nouveaux produits sont développés . Aujourd’hui , plusieurs grands vins sont produits dans la région, principalement en blanc .

La fin de l’apartheid a coïncidé avec une demande étrangère accrue de produits qui autrement étaient boudés par une partie de la population pour des raisons évidentes . Le fait de cultiver les cépages les plus populaires en France comme le Merlot , la Syrah , le Sémillon , etc., n’est certainement pas étranger à ce changement , non plus .

Aujourd’hui , Constantia est composée de cinq domaines dont Klein Constantia est le plus réputé et l’un des plus beaux au monde . Marlbrook , le meilleur vin rouge de Klein Constantia ressemble étrangement, dans son assemblage , à un Bordeaux de grande qualité avec 55 % de cabernet Sauvignon , 40 % de Merlot , 5% de Cabernet-Franc et son passage de 24 mois en fût de chêne français .

Les vins d’Afrique du Sud , à découvrir si ce n’est déjà fait .

Bernard Landreville
http://www.hebdorivenord.com/Chroniques ... e-du-Sud/1