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[Jean-Pierre NIEUDAN]

Entité à part entière dans le paysage viticole français, le Jura cultive ses différences et le fait savoir à travers des vins à nuls autres pareils, Vin Jaune en tête. Avec ses 2000 ha, le vignoble jurassien ne représente plus que 10% de son territoire d’avant le phylloxéra. Cette saignée historique n’a pourtant pas anéanti tout son patrimoine ampélographique, où poulsard, trousseau et autre savagnin continuent de témoigner d’un encépagement ancestral, introuvable ailleurs.

Outre cette originalité, la région perpétue des savoir-faire vénérables dont le Vin Jaune est le plus remarquable, par son origine immémoriale et la nature de son produit. Fruit d’un élevage sans ouillage de plus de 60 mois, le Vin Jaune consacre tout le potentiel du savagnin, depuis une riche substance, jusqu’à une longévité proverbiale. Bien qu’élaboré sur l’aire entière du vignoble, le Vin Jaune reste l’apanage de Château-Chalon, une AOC très restreinte (environ 50 ha) exclusivement dédiée à son type. Autre secteur spécialisé, la petite appellation L’Etoile (70 ha) est, elle, vouée aux seuls blancs, quel que soit leur genre. Parmi les blancs secs, le Jura maintient une tradition de vins oxydatifs, dits « typés », c’est à dire obtenus sans ouillage, à l’instar du Vin Jaune, à partir de chardonnay et/ou de savagnin.

Quant aux rouges, leur terre d’élection est l’AOC Arbois, une aire étendue (850 ha), où les vignerons peuvent jouer librement avec les essences jurassiennes (poulsard et trousseau) et le pinot noir, y compris en monocépage. Hors ces délimitations, les vins sont classés en Côtes du Jura, un rassemblement de terroirs variés qui, tout comme en Arbois, autorisent l’élaboration de la gamme complète des vins du Jura. Dans celle-ci, on dénombre également des effervescents élevés au statut de crémant, un vin de liqueur à part entière, le macvin, et le vin de paille, un liquoreux très spécifique puisque issu de grappes séchées dans un environnement propice.

Chaque année, la Percée du Vin Jaune met le Jura en effervescence le premier week end de février. La prochaine édition, quinzième du genre, aura lieu les 5 et 6 février à Arbois. Parmi les évènements qui ponctuent ce rassemblement (52.000 visiteurs en 2010), figurent la rituelle cérémonie d’intronisation, et le clavelinage, sympathique confrontation qui consacre les vins jaunes passés au crible d’un jury de connaisseurs. La prochaine Percée verra la naissance d’un nouveau millésime, le 2004, et s’enrichira d’un Challenge des écoles de sommellerie, désignant les futurs ambassadeurs des vins du Jura .

Source : http://www.lejournalduvin.com/