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[Jean-Pierre NIEUDAN]

MONTPELLIER - Avec septembre est revenu le temps des vendanges en Languedoc-Roussillon où le millésime 2010 se présente sous les meilleurs auspices au niveau qualitatif, mais dans un volume à peine supérieur à celui enregistré l'an dernier, une récolte historiquement faible.

A condition que la météo soit clémente, "le millésime s'annonce superbe", affirme Jean-Philippe Granier, directeur technique des Coteaux du Languedoc.
"On est sur un potentiel qualitatif relativement élevé", confirme Jean-Marie Fabre, président des Vignerons indépendants de l'Aude, pour qui "les conditions ont pour l'instant été réunies pour que les spécificités des différents terroirs de la région puissent émerger".
Même les orages qui ont frappé le Languedoc en début de semaine ont été plutôt les bienvenus, du moins là où les précipitations sont restées modérées.
"Il manquait de l'eau" et ces orages ont permis à la vigne "de terminer son cycle de maturation normalement", commente Jean-Philippe Granier.
Depuis, le vent s'est levé, séchant les grains qui se révèlent parfaits sur le plan sanitaire, notent les professionnels.
Aussi le millésime sera-t-il "solaire", prédit M. Granier. "Les tanins seront assez doux, avec de la fraîcheur et du fruit".

"On a des raisins tellement sains qu'il n'y a pas de risque de note végétale", analyse François Boudou, directeur de l'Institut coopératif du vin (ICV 34). "On est sur le fruit et rien d'autre".
Dans le Gard, selon la Chambre d'agriculture, le raisin ne semble pas avoir souffert des orages pourtant violents à certains endroits. Là, c'est plutôt l'accès à la vigne qui risque de poser problème, en raison des terres gorgées d'eau, à un moment où le grain arrive à maturité.
Tout en restant prudent, on se réjouit donc à l'avance du potentiel qualitatif du millésime. En revanche, le volume de la récolte, qui devrait tourner autour de 12 millions d'hectolitres pour la 3e année consécutive, inquiète certains.
La Direction régionale de l'Agriculture (Draaf) table sur 12,3 Mhl, soit à peine plus que l'an dernier (12,136 Mhl) une récolte historiquement faible.
Pour la Draaf, ce sont "les alternances d'épisodes venteux et très chauds et l'absence de précipitations" qui ont "handicapé le grossissement des baies" cet été. La Draaf relève aussi sur certains cépages un phénomène de "coulure" (manque de grains sur la grappe).

Autres causes de la faible récolte: la limitation des intrants par des viticulteurs en difficulté financière et la politique d'arrachage mise en place par Bruxelles pour lutter contre la crise de la viticulture. Cet hiver, le Languedoc-Roussillon, plus grand vignoble de France, a perdu 10.000 ha, selon l'établissement national FranceAgrimer.
Autant d'éléments qui font craindre, chez certains professionnels comme François Boudou ou Jean-Marie Fabre, une récolte pour la première fois inférieure à 12 Mhl.
Certes, les cours des vins pourraient ainsi remonter. Mais pour que la situation économique des viticulteurs se redresse vraiment, "il faudrait que la montée des prix soit durable et que la production soit un peu plus élevée", analyse Laurent Mayoux, de FranceAgrimer à Montpellier.
Pour Jean-Marie Fabre, une récolte à 12 Mhl ne constitue pas un handicap. Pour lui, le défi se situe au niveau d'une meilleure valorisation des vins du Languedoc-Roussillon, eu égard aux efforts qualitatifs réalisés, afin d'assurer une juste rémunération des viticulteurs.

http://www.lexpress.fr/actualites/1/ven ... 18728.html