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[Jean-Pierre NIEUDAN]

(Trois-Rivières) L'année 2010 restera marquée, dans les annales viticoles, comme excellente pour le vin en Mauricie et au Centre-du-Québec. Contrairement aux deux étés précédents qui ont été affectés par des pluies trop abondantes ou le gel, la saison actuelle est parfaite pour la culture du raisin.
«Il n'y a pas beaucoup d'humidité, il y a beaucoup de soleil et de vent. Il y a de la pluie, mais ça sèche le lendemain», raconte Frédéric Gélinas du Domaine & Vins Gélinas de Saint-Sévère qui, avec son père Serge, a tout récemment remporté une médaille de bronze au All Wine Canadian Championship 2010 pour son vin rouge 2008.

Si les juges ont apprécié cette production, ils pourraient éventuellement être renversés par celle qui sortira de 2010.

Grâce aux conditions climatiques de cet été, en effet, la production de raisins, tout comme celle de la plupart des végétaux, est de deux à trois semaines à l'avance et le raisin est naturellement gorgé de sucre. Pas besoin d'en ajouter pour produire de la fermentation.

«On va obtenir des taux de sucre suffisants pour avoir le taux d'alcool désiré», de prévoir Daniel Harrisson du Domaine Clos de l'Île de Bécancour.

«Je pense qu'on va frapper le maximum en termes de saveur et de qualité et de quantités aussi», estime-t-il.

Les raisins auront en effet amplement le temps d'arriver à une maturité parfaite grâce à un été exceptionnel. Dans ces conditions, la râpe, c'est-à-dire la partie de la grappe qui tient les raisins ensemble, mûrit elle aussi.

Or, il y a toujours quelques petits morceaux de râpe qui se retrouvent dans la cuve lors de la fabrication du vin parce que le fruit est retiré de la grappe mécaniquement par une égrappeuse-fouleuse.

«Quand elle est mûre, la râpe va donner un petit goût de paille. C'est une saveur que tous les amateurs de vin apprécient», raconte M. Harrisson qui se réjouit à l'avance de ce cadeau de Mère Nature.

Nombreux développements

Les vignobles de la région ont tous le vent dans les voiles même s'ils ont été affectés tantôt par le gel printanier, tantôt par une surabondance de précipitations au cours des deux ou trois dernières années.

Au Vignoble Sainte-Eulalie, Lucie Marchand et Paul Vigneault lancent cette année un nouveau vin fortifié blanc. Ils produisaient déjà un rouge, un rosé, une mistelle de raisins ainsi qu'un rouge fortifié. Pour attirer la clientèle, ils organisent tout l'été une chasse au trésor dans leur vignoble de 8000 plants.

Au Clos des vieux chênes, à Bécancour, Shirley et Gilles Harbour fabriqueront cet été leur tout premier mousseux.

«On fait la fermentation artisanale traditionnelle. On n'a pas le droit de dire champenoise», précise le viticulteur, mais au bout, le processus de fermentation de près de trois mois fait des bulles, dit-il. L'entreprise commercialise déjà un blanc et un rosé.

Au Domaine du Clos de l'Isle, à Bécancour, Daniel Harrisson a fait aménager une nouvelle parcelle de terrain qui lui permettra de faire passer de 5000 à 10 000 le nombre de plants de vignes sur ses terres.

«Cela va nous amener au cours des deux prochaines années à construire un nouveau chai pour recevoir tout ce vin-là», dit-il. D'ici trois ans, sa production devrait donc doubler.

Au Domaine & Vins Gélinas de Saint-Sévère, les deux copropriétaires Frédéric et Serge Gélinas comptent actuellement 20 000 plants en production et en planteront 10 000 de plus cette année. Déjà six produits sont en vente au vignoble, dont un vin de glace.

Dans tous les cas, les viticulteurs de la région attendent les visiteurs les bras ouverts. Qu'il s'agisse de visiter un seul vignoble ou de faire une tournée régionale, il est préférable de vérifier les heures d'ouvertures de chacun, toutefois, avant de se rendre.

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