Celui qui se dégage des vieux systèmes, entreprend et cherche à faire reconnaître son travail. Il y a de l’espoir.
Arrachages, fermetures, violences désordonnées d’un comité d’action dont on se demande pour qui il roule vraiment, petits caporaux syndicaux élus à vie, tristes et ruineuses mésaventures commerciales, fraudes... Le spectacle qu’offre le Languedoc viticole, du moins celui dont on parle, n’est guère réjouissant. Fin traînante d’un système qui n’a pas su se rénover et, sur ses ruines, l’enthousiasme de gens neufs, plus ou moins nés ici, enrichis d’autres expériences. Tels Delphine Maymil et son compagnon, Eric Virion : « Mon grand-père, entrepreneur, avait acheté quelques vignes à Ferrals. C’était un investissement financier et pour avoir une occupation à la retraite. Mon père était dans les travaux publics et ça ne le branchait pas ; il est revenu à la vigne en 1975. On était en coop. Jusqu’en 1987. A l’adolescence, j’étais une vraie fille, plus intéressée par les trucs de filles que par le raisin. J’ai fait une formation d’attachée de presse. Je suis revenue en 2002. Après, j’ai commencé à donner un coup de main à mon père. Les odeurs et le côté tambouille en cave, ça me plaisait bien. A 27 ans, j’ai fait un brevet de formation à la responsabilité agricole. Eric travaillait chez Veolia et je l’ai "rapatrié". Sa famille était dans la vigne. Pour faire ce métier, il faut être bien née ou bien mariée... »
Tout au bout du Languedoc, vers l’Atlantique, influencés par deux climats, celui de l’Océan et celui de la mer, les coteaux de la Malepère accueillent des cépages plus bordelais, comme le merlot. Sophie Delaude a accédé au statut de jeune agricultrice en 2006. Elle se débat en solitaire (avec un seul salarié) au milieu de ses 32 hectares : « Jusqu’à 18 ans, cela ne m’intéressait pas. Du moins, je le pensais. J’ai revu ma maîtresse d’école, qui m’a dit que, quand j’étais petite, je disais tout le temps que je serais vigneronne. J’étais gymnaste pour le plaisir et, après l’entraînement, je rejoignais mes parents qui prenaient des cours de dégustation à Limoux. J’assistais à la fin du cours et c’est comme cela que j’y ai pris goût. Je me régale. Je suis plus vigneronne que commerciale, même s’il faut tout faire. »
Olivier Calix, du Domaine Sarrat de Goundy, maîtrise d’histoire de l’art, a fait un détour par les musées d’Espagne et d’Angleterre. Claude, son père, dirigeait une entreprise de travaux viticoles. Il avait créé ce domaine en 1966, puis l’avait développé, devenant même le président de la cave coopérative d’Armissan. En 2002, Claude et son épouse Rosy quittent la coopération : « Je les ai rejoints en 2003 avec l’intention de vinifier et de prendre une indépendance commerciale. Il a fallu créer notre cave. On a 70 hectares et la majorité des vignes se situe sur le massif Sarrat. J’ai travaillé au Guggenheim de Bilbao. J’étais chargé des transits et des réinstallations des collections. Ça m’a appris la gestion humaine et l’exigence des artistes. »
Jacques Dupont
http://www.lepoint.fr/actualites-vins/2 ... 9/0/459949